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inconnu, en entrant, avait rapidement tracé une équerre sur sa poitrine. Pierre se dit : « Tiens, voilà un Frère qui vient de saluer maçonniquement pour se faire reconnaître des bons Maçons qui peuvent se trouver ici présents. » Et, comme Pierre pratique très sérieusement le culte de la Franc-Maçonnerie, il ne manquera pas, dès que Paul jettera un coup d’œil de son côté, soit de tracer à son tour l’équerre sur sa poitrine, soit (ce qui est d’un usage très fréquent dans les établissements publics) de faire avec son verre un geste analogue, c’est-à-dire une manœuvre rapide en deux mouvements, horizontal d’abord, et ensuite perpendiculaire de haut en bas. Voilà donc Paul fixé. Il vient à Pierre. Ils se savent Frères tous deux, ou du moins ils le pensent. Mais, comme ces signes maçonniques du salut et de la manœuvre du verre sont déjà assez connus des profanes (car il y a des Maçons maladroits qui font leurs mouvements d’équerre en public d’une manière si automatique que tout le monde les remarque, et ainsi ce grand secret s’est divulgué), comme Pierre, dis-je, peut vouloir mieux étudier la qualité maçonnique du Paul, il amènera dans la conversation cette phrase qui n’a l’air de rien :

— À quelle heure commence-t-on à travailler chez vous ?

Si Paul est un faux Maçon, il ne verra pas le piège, et naïvement il dira l’heure à laquelle il commence à travailler à son bureau, ou, s’il vit de ses rentes, il répondra qu’il est rentier.

Au contraire, si Paul est un Maçon authentique, il répondra à la question insidieuse de son interlocuteur :

— À midi.

Un Apprenti ne peut pas faire d’autre réponse.




Je terminerai les divulgations relatives au premier degré en donnant les questions qui se posent et les réponses qui se donnent en entrant dans une Loge.

On ne pose pas ces questions à un Frère qui est connu ; mais, si le Frère qui se présente est étranger à la Loge, le Frère qui se trouve à la porte l’interrogera ou du moins a le droit de l’interroger comme il va être dit, et il faut qu’il réponde exactement.

On appelle ces interrogatoires les « questions d’ordre pour l’entrée du Temple. » Elles varient selon les rites.