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Reportons-nous aux premiers jours du monde, à l’époque où Adam et Ève étaient encore dans l’Éden, Éblis[1], l’Ange de Lumière, n’a pu voir la beauté de la première femme sans la convoiter. Ève pouvait-elle résister à l’amour d’un ange ?… Caïn naquit. Son âme, étincelle de l’Ange de Lumière, Esprit du Feu, l’élevait infiniment au-dessus d’Abel, le fils d’Adam… Cependant il fut bon pour Adam dont il soutint la vieillesse débile et impuissante, bon pour Abel dont il soutint les premiers pas. Mais Dieu, jaloux du génie communiqué par Éblis à Caïn, a banni Adam et Ève de l’Éden pour les punir tous deux, et après eux leurs descendants, de la faiblesse d’Ève.

Adam et Ève détestaient Caïn, cause involontaire de cette sentence inique, et la mère elle-même reportait toute son affection sur Abel ; quant à Abel, le cœur enflé par cette injuste préférence, il rendait à Caïn mépris pour amour. Une épreuve plus cruelle devait briser bientôt le cœur du noble fils d’Éblis. Aclinia, la première fille d’Adam et d’Ève, était unie à Caïn par une profonde et mutuelle tendresse, et, malgré leurs vœux et leurs prières, Aclinia fut donnée pour épouse à Abel, par la volonté de Jéhovah Adonaï ; ce Dieu jaloux avait pétri le limon pour en faire Adam et lui avait donné une âme servile, aussi redoutait-il l’âme libre de Caïn !…

Poussé à bout par l’injustice de Dieu, par celle d’Adam, d’Ève et d’Abel, Caïn frappa le mauvais frère. Adonaï, ce Dieu qui devait noyer tant de milliers d’hommes dans les eaux du déluge, fit de la mort d’Abel un crime indigne de pardon.

  1. Il est à remarquer qu’ici la Franc-Maçonnerie ne garde plus qu’un voile bien facile à soulever. Éblis, corruption de diabolos, diable, est un des noms de Satan ; c’est exactement le nom sous lequel les Mahométans désignent l’ange déchu.