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que la secte se propose de frapper. Quand la Franc-Maçonnerie a un assassinat à commettre, elle se garde bien de prévenir sa victime. Morgan et tant d’autres ne fussent pas tombés dans les guet-à-pens où ils perdirent la vie, s’ils avaient été avertis au préalable.

Du reste, en 1881, la Franc-Maçonnerie n’avait pas à se plaindre de moi. Le Grand-Orient s’était débarrassé d’un indiscipliné, d’un indépendant ; mais les moyens par lesquels il se proposait de me nuire dans la suite n’étaient pas des moyens violents.

Je ne dis pas pour cela qu’ils furent plus honnêtes.

Mieux eût valu pour moi périr d’inanition dans le petit local de la rue Cadet, qu’être entouré constamment, comme je le fus, d’un inextricable réseau de calomnies.

Des journaux maçonniques eurent l’ignoble audace d’imprimer que c’était le fait d’avoir subi une condamnation pour vol qui m’avait valu mon exclusion de la Loge le Temple des Amis de l’Honneur Français. D’autres feuilles, rédigées par les Frères Trois-Points de la dépendance du Grand-Orient, ne précisaient pas, mais insinuaient que j’avais perdu mes droits civils et politiques et que je n’étais pas électeur.

À un moment donné, — en septembre 1885, — la calomnie avait si bien fait son chemin, les mensonges avaient produit un tel écho, que je me vis dans la nécessité de me faire délivrer mon casier judiciaire et d’avoir toujours sur moi ce document et ma carte d’électeur quand je voyageais.

Oui, j’en ai été réduit à cela. Pour pouvoir serrer des mains amies qui se retiraient, j’ai eu l’humiliation d’être obligé d’exhiber ma dernière carte électorale avec laquelle j’avais voté et mon casier judiciaire sans tache[1]. Et quand les personnes à qui je montrais ces

  1. Je n’ai jamais eu que des condamnations pour délits de presse, lesquelles ne sont pas inscrites au casier judiciaire : on