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plus que peu de temps à vivre ; il se passerait, affirmaient-ils, moins d’une année avant que je fusse mort. Ces deux Frères Trois-Points étaient on ne peut plus embarrassés de la commission qu’on leur avait donnée à faire ; ils étaient dans leurs petits souliers, tortillaient leur chapeau, s’excusaient en balbutiant. En un mot, c’étaient des délégués manquant tout à fait de majesté.

Confus au possible, ils ne perdaient pas des yeux la porte, et j’avais toutes les peines du monde à leur arracher des lambeaux de phrases.

« — Au moins, leur demandai-je, dites-moi de quel genre de mort je dois périr.

« — Vous êtes condamné à mourir de faim, me répondirent—ils. »

Je ne pus retenir un éclat de rire. Je me voyais enlevé, bâillonné, ficelé et jeté dans le petit local de la rue Cadet, sous l’escalier, n’ayant pour me nourrir que la lecture des fautes d’orthographe du Grand Architecte de l’Univers, et, horreur suprême ! agonisant sous le regard narquois de la tête de mort qu’on m’avait servie au jour de mon initiation.

« — Mes pauvres amis, répliquai-je, en congédiant mes bizarres visiteurs, je ne sais pas de quoi vous êtes appelés à mourir, vous ; mais, quant à votre Franc-Maçonnerie, c’est sous l’odieux et le ridicule qu’elle succombera, bien sûr. »

J’ai toujours pensé que ces deux émissaires d’opéra-bouffe étaient des maçons à l’esprit borné, à qui des Frères mystificateurs avaient joué un tour, dans le genre des commissions burlesques que l’on fait faire aux nigauds à l’époque du premier avril.

Je n’ai jamais entendu dire, en effet, que les Aréopages de Kadosch, conseils secrets chargés de la direction des vengeances maçonniques, aient l’habitude d’informer, par des intermédiaires quelconques, ceux