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vrèrent du cabinet des réflexions ne songèrent point à examiner en détail les objets funèbres qu’on m’avait gracieusement laissés en tête-à-tête ; ils se contentèrent de prendre mon testament, que l’on piqua à la pointe d’une longue épée en fer battu. Tout le reste était parfaitement en place : la tête de mort, au bout de la table, continuait à avoir son air narquois, et un simple coup d’œil suffisait pour constater que, récipiendaire probe et délicat, je n’avais commis aucun détournement de squelette et n’emportais pas le moindre tibia dans mes poches.

Ce fut seulement quelques jours après, qu’un autre profane, admis aux épreuves et enfermé dans le même petit local, signala aux Frères Servants le méfait, découvert par lui à la suite d’un examen prolongé et méditatif de la tête de mort. Les Frères Servants, consternés, firent part, à leur tour, à l’autorité compétente, de ce flagrant manque de respect à la majesté du Grand Architecte : la difficulté était de trouver le coupable. Sans doute, on fit une enquête ; mais il n’y a pas qu’un cabinet des réflexions à l’Hôtel du Grand-Orient ; on reçoit, des fois, jusqu’à cinq profanes ensemble à une même Loge. Et puis de quelle époque datait l’inscription ironique ? combien de récipiendaires avaient pu passer dans le petit local sans remarquer cet appel irrespectueux à la correction de la faute d’orthographe du troisième panneau ? pouvait-on même se rappeler exactement quels avaient été les profanes claquemurés dans ce réduit ?

Bref, les Frères Servants rassemblèrent tant bien que mal leurs souvenirs ; d’autre part, on observa avec soin en loges les Frères dont la tenue indiquait le moins de convictions maçonniques ; et je fus au nombre de ceux sur qui pesèrent les soupçons. Néanmoins, je bénéficiai pendant longtemps de l’incertitude qui régnait dans les