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Il était évident que des lettres ainsi conçues avaient été écrites pour être publiées en tête du journal à qui elles souhaitaient la bienvenue ; cela ne faisait pas l’ombre d’un doute aux yeux des membres du Comité. « Mais, me disaient-ils, prouvez que vous les avez réellement reçues. »

J’étais alors bien embarrassé pour faire cette preuve. Je ne savais pas où avaient passé les originaux de ces lettres. Étaient-ils restés à l’imprimerie du journal ? Là, on avait fait des recherches et l’on n’avait rien retrouvé. Les avais-je donnés à quelque solliciteur d’autographes ? Je n’en avais aucune souvenance. Enfin étaient-ils mêlés et perdus parmi mes papiers ? C’est ce qui me semblait le plus probable ; mais je risquais fort de ne remettre la main sur eux qu’à une époque où ils ne me seraient plus d’aucune utilité.

On comprend combien j’étais ennuyé. Je ne pouvais qu’opposer ma parole à celle des deux illustres grands hommes. Je le fis ; ce qui provoqua l’indignation du F∴ Rath, le représentant du Grand-Orient. Je dis que l’énormité même de l’acte dont j’étais accusé prouvait mon innocence ; car, somme toute, des lettres comme celles qui avaient paru dans le Midi Républicain ne sont pas des choses qu’un journal invente. Il était plus logique d’admettre que Victor Hugo et Louis Blanc avaient la mémoire courte, et qu’on avait abusé de leur grand âge pour leur faire signer la protestation ; il était plus logique d’admettre cela que de croire à la possibilité d’un faux aussi téméraire.

Mon accent de sincérité frappa les Frères qu’on m’avait donnés pour juges-instructeurs ; — je fais toutefois exception pour le F∴ Rath qui me fut, jusqu’au bout, systématiquement hostile ; — la déloyauté de la machination organisée contre moi allait achever de me les rendre favorables : au fond, les deux Surveil-