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prendre la syntaxe ; rien n’est amusant alors comme d’entendre notre érudit d’occasion étaler sa science postiche en l’émaillant de cuirs et de fautes de français.

Mais le Vénérable n’est pas le seul qui ait, en cette circonstance solennelle, à prononcer un discours. Quand il en a fini avec la terre, l’air, l’eau et le feu, il accorde la parole au Frère Orateur « pour la Communication de son Morceau d’Architecture. »

Je ne donnerai pas ce speech, maçonniquement appelé « Morceau d’Architecture. » La raison est qu’il n’en existe pas de texte officiel. Le discours du Frère Orateur doit être composé par celui-ci et ne pas être toujours le même, quoique roulant à peu près chaque fois sur les mêmes sujets. Les Orateurs des Loges observent-ils ces prescriptions ? Je l’ignore. Lors de mon initiation, je fus harangué par le Frère Rath, un garçon qui ne manquait certes pas d’intelligence et qui ne s’en tira pas trop mal. Mais je crois fort que la grande majorité de ces artistes en éloquence maçonnique s’inspirent beaucoup de certains recueils spéciaux ; en effet, j’ai vu à la Bibliothèque du Grand-Orient quelques formulaires de discours pour initiations, banquets maçonniques, adoptions de louveteaux, etc. Ces recueils-là m’ont paru avoir une proche parenté avec les Manuels du Parfait Secrétaire, dans lesquels on trouve des modèles de lettres pour tous les besoins et usages de la vie.

Laissons donc le speech du Frère Orateur, lequel n’apprendrait rien au public profane, et arrivons à l’invocation, qui clôture la réception de l’Initié et finit de l’ahurir.

Quand l’Orateur a terminé l’éloquente communication de son « Morceau d’Architecture », le Vénérable frappe trois vigoureux coups de maillet sur son établi, se lève, ainsi que tous les Frères, et, ouvrant les mains,