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Le Vénérable, au Frère Terrible. — Faites approcher le Profane de l’autel.

Le Frère Terrible conduit le récipiendaire au bas des degrés de l’autel.

Le Vénérable. — Frère Sacrificateur, présentez au Profane la coupe des serments, si fatale aux parjures !

Le Frère Terrible met dans les mains du récipiendaire une coupe à deux compartiments, tournant sur un pivot : d’un côté, il y a de l’eau ; de l’autre, un liquide aussi amer que possible.

Le Vénérable. — Profane, vous allez répéter ce que je vais dire et prononcer ainsi le serment exigé… « Je m’engage sur l’honneur au silence le plus absolu sur tous les genres d’épreuves que l’on pourra me faire subir… »

Le récipiendaire répète cette première phrase. Aussitôt, le Frère Terrible, lui faisant mettre la main droite sur le cœur, lui donne en même temps à boire une partie de l’eau pure contenue dans la coupe.

Le Vénérable, reprenant. — « …Et, si jamais je viole mon serment… » Répétez, Monsieur…

Ici, pendant que le récipiendaire prononce ce membre de phrase, tenant toujours la coupe de sa main gauche, le Frère Terrible, sans qu’il puisse sentir autre chose qu’une légère pression, fait pivoter le haut de la coupe, de telle sorte que le compartiment contenant la mixture amère vient se placer au-devant des lèvres du Profane ; ce tour s’exécute en un clin d'œil.

Le Vénérable, continuant. — «… Je consens à ce que la douceur de ce breuvage se change en amertume (le récipiendaire répète), et à ce que son effet salutaire devienne pour moi celui d’un poison subtil. »

À peine le récipiendaire, après avoir répété, a-t-il trempé ses lèvres dans le liquide substitué au premier