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au bien social et contribuer à la prospérité générale. Rien n’est donc plus déplacé que de déclamer contre les passions, et rien n’est plus impraticable que le projet insensé de les détruire. La violence des passions leur sert d’excuse. L’hypocrite n’est si odieux que parce qu’il n’est ni subjugué, ni entraîné, et qu’il agit froidement et par calcul. Les passions sont les voiles du vaisseau de la vie humaine ; elles le poussent ou dans le port ou sur des écueils. Les grandes passions font seules les grandes choses. Dire à l’homme colère de ne point se mettre en fureur, c’est dire au fiévreux de ne point avoir la fièvre ; il faut non le prêcher, mais le guérir. On ne peut réprimer les passions des autres, si l’on ne sait commander aux siennes. On ne triomphe des passions que par les passions : la femme qui quitte l’amour pour la dévotion, le jeune homme qui abandonne sa maîtresse pour la gloire, ne font que changer de maître. Pourquoi les passions sont-elles souvent la cause principale de notre faiblesse ? C’est qu’elles nous font former des vœux au-dessus de notre nature et qu’elles nous précipitent au-delà de nos forces. L’enthousiasme, cette inspiration divine, donne des ailes aux passions ; mais il ne se mêle à aucune passion vile. La passion de l’amour, dont les écarts sont quelquefois si condamnables, est nécessaire à la propagation de notre espèce ; elle a besoin d’être réglée de manière à ce qu’elle ne devienne pas nuisible à celui qui l’éprouve ni à celle qui en est l’objet. La passion de la gloire, dans les camps, dans les sciences ou dans les arts, est un noble désir utile à la société dont elle cherche l’estime et au sein de laquelle elle fait naître le courage, l’émulation, le sentiment de l’honneur et tous les talents qui contribuent à honorer l’humanité et à glorifier une nation. La passion des richesses est le désir de mener une existence indépendante et agréable ; elle est toujours louable,