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les entendus. La religion de ces ignorants ne peut pas être la même que celle des savants, qui a pour principe la tolérance, l’amour de l’humanité et le respect de soi-même. Voilà pourquoi les ignorants sont entêtés, irascibles, dangereux ; ils troublent et démoralisent la société ; pour abaisser socialement le peuple, ils l’abaissent intellectuellement et le privent de la connaissance de ses droits, sachant fort bien que, même avec la Constitution la plus libérale, un peuple ignorant reste toujours esclave. Ces ignorants, ennemis du progrès, doivent donc, pour mieux dominer, repousser toute lumière, épaissir les ténèbres, lutter sans cesse contre la vérité, contre le bien, contre Dieu[1].

Le Vénérable. — Dites-nous votre opinion sur le fanatisme et la superstition.

Réponse du récipiendaire.

Réplique du Vénérable. — Le fanatisme est un culte insensé, une erreur sacrée ; c’est une exaltation religieuse qui a perverti la raison et qui porte à des actions condamnables en vue de plaire à Dieu ; on dit : « les fureurs du fanatisme. » C’est un égarement moral, une maladie mentale qui, malheureusement, est contagieuse. Le fanatisme, une fois enraciné dans un pays, y prend le caractère et l’autorité d’un principe, au nom duquel ses partisans enragés ont fait, dans leurs exécrables auto-da-fé, périr des milliers d’innocents. On donne, par analogie, ce nom au désir ardent du triomphe de son opinion, de l’accomplissement de ses projets, etc. Il n’y a de dangereux, dans la plupart des fanatismes, que leurs abus ; car, sans eux, l’homme ne fait rien de grand. Mais fuyons et combattons l’aveugle fanatisme religieux !… La superstition (du latin super, au-dessus, stare, se tenir : chose surnaturelle) est un

  1. Ces deux derniers mots ne sont pas prononcés par le Vénérable, si le récipiendaire est un athée ou un sceptique.