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vénération ; on doit bien se garder de marcher dessus, sous peine d’amende.

Ce que ce tableau représente est, paraît-il, extraordinairement sacré. Le Rituel, en effet, conseille aux Loges de supprimer la toile peinte et de tracer à la craie, sur le pavé mosaïque, le tableau mystérieux. « À chaque tenue, dit le Rituel, on dessinera avec de la craie le Tableau mystérieux de la Loge, et, après les travaux, on l’effacera avec une éponge légèrement imbibée d’eau ; c’est le moyen d’éviter l’abus d’un tableau peint sur toile, qui peut tomber dans des mains profanes. » Mais la plupart des Loges ne tiennent aucun compte de cette recommandation et préfèrent étaler, à chaque séance, leur toile peinte sur le parquet.

En face la porte d’entrée, au bout de la salle, est une estrade, élevée de trois marches et bordée d’une balustrade. C’est là l’Orient, l’endroit privilégié où siège le Vénérable. Son bureau, exhaussé de quatre marches sur l’estrade, s’appelle l’Autel ; son fauteuil se nomme un Trône ; au-dessus de sa tête est un dais en velours ou soie bleue, parsemée d’étoiles d’argent ; les franges sont en or ; au fond de ce dais, dans la partie supérieure, est un transparent triangulaire, le Delta Sacré, au centre duquel on voit en lettres hébraïques le nom de Jéhovah. À la gauche du dais est un autre transparent, représentant le disque du soleil, et à droite un troisième transparent, représentant le croissant de la lune. Cette collection de transparents brille d’un certain éclat, grâce aux bougies qui sont à l’intérieur. Néanmoins, leur aspect est des plus grotesques, bien qu’on désigne ces machinettes-là sous le nom pompeux de Gloires. Ce n’est pas tout : l’autel du Vénérable est couvert d’un tapis bleu à franges d’or sur lequel sont posés une équerre, un maillet, un compas, un sabre de fer battu tordu en zigs-zags (ne riez pas, c’est l’Épée