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pur, s’est allongée dans des proportions fantastiques : ce sont mille petits riens, mille hors-d’œuvre dont on avait oublié de vous prévenir ; chacun d’eux en particulier est insignifiant, mais c’est le total qui est d’une digestion difficile ! Pas moyen de regimber, mon bel ami ; il faut doubler la somme à laquelle vous vous attendiez ; vous êtes reçu, on a loué votre courage à affronter les épreuves, on a brûlé en votre honneur l’encens et le lycopode, les Frères ont fait cliqueter leurs épées à grand fracas triomphant, le Vénérable a déposé sur votre visage trois baisers dont l’humidité prouve la conviction et le zèle ; la gloire se paie, mon cher, passez à la caisse !

Que justice soit donc rendue à mes anciens collègues des Amis de l’Honneur Français. La gloire, dans leur Temple, n’est pas cotée à des prix exorbitants ; chez eux, on est créé Maçon d’aussi bon teint que l’illustre Jules Ferry, et cela seulement pour quatre-vingt-trois francs et dix centimes. C’est donné.

§ II.

Épreuves et cérémonial de l’Initiation.

Le gousset lesté d’un porte-monnaie convenablement garni, selon les prescriptions de mon futur Vénérable, j’arrivai, à l’heure fixée, à l’Hôtel du Grand-Orient. Un Frère obligeant avait eu soin, d’ailleurs, de me venir prendre à domicile, afin que la solennité ne fût pas manquée ; car, pas de civet possible sans lièvre, et, naturellement, sans récipiendaire, pas de réception.

Je viens d’écrire le mot « solennité ». En effet, la Loge n’avait pas lésiné ce jour-là ; tous les confrères de la presse parisienne appartenant à la Franc-Maçonnerie avaient reçu une « planche », et le F∴ Lemaire,