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soit d’un laboratoire de pharmacien constellé de plusieurs décorations, soit d’une étude d’avoué ou de notaire.

Vous êtes à cent lieues de penser à votre candidature maçonnique.

Vous vous dites, ahuri :

« — Qu’est-ce que c’est que cette affaire-là ?… Ce monsieur a l’air de me porter un bien grand intérêt… Il s’agit sans doute de quelque fameuse aubaine qui m’arrive et dont ce gaillard si poli a eu le vent… Allons, voyons ça tout de même ; si c’est une « fumisterie », je n’en serai quitte que pour une course inutile, et je n’en suis pas à craindre d’user mes jambes. »

Vous tournez et retournez entre vos mains le mystérieux papier. Vous torturez votre cervelle à rassembler vos souvenirs pour découvrir quelque vieux nom oublié qui ait rapport avec votre correspondant inconnu. Rien, vous ne trouvez rien. Vous êtes intrigué, quoi ! Mais comme, en définitive, le grave et sévère en-tête de l’épître ne peut que vous inspirer confiance, vous vous décidez à aller au rendez-vous indiqué.

Là, dans un appartement confortable, vous vous rencontrez avec un monsieur sérieux comme un bonnet de nuit, qui se confond en excuses au sujet de la hardiesse qu’il a eue de vous déranger, qui vous supplie de rester couvert, ne veut pas s’asseoir tant que vous resterez debout, et patati, et patata.

Si c’est un notaire qui vous a convoqué, vous ne manquez pas de penser :

« — Fichtre ! je dois avoir fait un héritage ! »

Enfin, le monsieur grave et serviable daigne, après avoir toussé deux ou trois fois, ouvrir le robinet de ses intéressantes confidences. Il commence par vous féliciter d’avoir eu la bonne inspiration de vouloir entrer dans la Franc-Maçonnerie, cette noble institu-