Page:Taxil, Mémoires d'une ex-palladiste parfaite, initiée, indépendante.djvu/89

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Aujourd’hui, je sens que le catéchisme dit vrai, comme est vrai tout enseignement de l’Église. La raison d’être du divin mystère de la Trinité m’apparaît lumineuse. Cela est raisonnable, précisément parce que cela est divin. Il est de toute certitude que chacune des trois personnes de la Très-Sainte Trinité a une existence éternelle propre, une personnalité distincte, et les manifestations de chacune sont distinctes, parfaitement distinctes dans leurs œuvres connues, indiscutables. Or, toutes les œuvres divines émanent d’un même plan, concourent à un même but. Les trois personnes divines de la vraie religion ne se combattent pas ; chacune a donc l’ubiquité, c’est-à-dire la possession complète de l’infini ; le Père, le Fils et le Saint-Esprit sont donc, chacun, tout dans tout. Et je proclame, ayant abjuré le Palladisme, que le mystère de ta Très-Sainte Trinité, loin d’être contraire à la raison, est la raison même. Je crois ! Je crois !

Ma deuxième difficulté m’était des plus pénibles. Dans la Rédemption, je voyais un des plus beaux actes de l’infinie bonté de Dieu ; mais il me semblait que cet acte n’était pas diminué, si le glorieux saint Joseph se trouvait être l’instrument du Saint-Esprit, dans le mystère de l’Incarnation. Satan, qui hait la Vierge Marie au suprême degré, troublait encore sur ce point ma foi naissante, et c’est lui, le Maudit, qui me faisait tirer de la généalogie du Christ, telle qu’elle est dans l’évangile de saint Matthieu, des conclusions n’affaiblissant en rien mon amour et mon respect envers la Mère de Dieu, mais contraires à la doctrine de l’Église infaillible.

Je savais, par mon éducation luciférienne, qu’il est tels passages de l’Évangile où il est question de frères et de sœurs de Jésus ; ces passages ont été exploités avec perfidie. L’interprétation impie, je l’avais rejetée dès le premier jour de ma conversion : frères, sœurs, en effet, ne sont pas des termes signifiant rigoureusement enfants du même père ou de la même mère ; de tout temps, on s’est donné ce nom de frère ou de sœur, dans les familles, pour mieux marquer l’affection d’une proche parenté ; même en dehors de toute parenté, ce nom se donne fréquemment.

Je ne m’arrêterais pas non plus à la qualification de « premier-né » que l’évangéliste saint Matthieu emploie à propos du Christ (chap. I, v. 25) ; car, chez bien des peuples, en particulier chez les Hébreux, l’expression « premier-né » s’inscrivait régulièrement, l’enfant fût-il fils unique, parce qu’il y avait des droits et des devoirs attachés à ce titre et que la loi le conférait en prévision de la naissance possible d’autres enfants. D’ailleurs, ce verset de saint Matthieu, qu’il faut lire en entier