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de « jésuite », ce qui, dans sa langue, est la suprême injure, et il est parti en faisant claquer les portes.

Paul Rosen, c’est Moïse Lid-Nazareth. Le secret de ce couvre-nom palladique est percé à jour depuis longtemps.

Quel pays l’a vu naître ?… Personne n’a pu me le dire, ni chez les catholiques, ni chez les francs-maçons. On s’accorde sur un point : il n’est pas français. Les uns le croient polonais ; d’autres, belge ; quelques uns, allemand. Bref, on n’est pas fixé ; et bien que notre homme n’ignore pas l’incertitude dans laquelle on est au sujet de son origine, jamais il n’a répondu aux articles dans lesquels on s’est occupé de lui à ce propos. Espérons que celui-ci le décidera à dire une bonne fois quelle cité, — serait-ce un humble village, — a eu le grand honneur de lui donner le jour.

Car il n’est pas le premier venu, Paul Rosen. S’il a commis parfois quelques impairs, — comme celui de Reims qui lui valut un mémorable accès de mauvaise humeur de Sophia, — il les a réparés largement, puisque, en somme, il a été le merveilleux ouvrier qui, dans l’ombre, a le mieux travaillé à créer l’imbroglio de la question Diana Vaughan. Certes, ce n’est pas lui qui peut faire la lumière ; car il n’est pas Mage Élu. Mais il a réussi, il faut le reconnaître, à brouiller les cartes, à exciter des journalistes qui ne demandaient qu’à le croire sur parole, à soulever la discussion qui passionne aujourd’hui le monde catholique. Et son œuvre de ténèbres enfantera la lumière !

Ô vous, négateurs, qui avez prête une complaisante oreille à tout ce qu’il vous a raconté, quelle superbe statue vous lui devez, s’il vous a dit vrai, ainsi que vous en êtes convaincus !… Il mérite, cet homme, de passer à la postérité. Et c’est très sérieusement que j’écris cela. Paul Rosen aura sa statue ; il y a droit. Il peut être sûr de l’avoir. Que ce soit par les catholiques ou par les francs-maçons se cotisant pour lui élever un monument digne de lui, il l’aura. Moi, d’abord, je m’inscris en tête de la liste ; car, sans lui, ce qui me concerne aurait pu être enterré dans le secret d’une commission. Oui, c’est à lui que je dois l’éclat de ma manifestation. Supprimez Rosen : il n’y eut pas eu ces retentissantes polémiques, qui assurent à la toute-vérité son complet triomphe, quoique ce triomphe ne donnera pas précisément de la joie à Rosen et à la nuée de hannetons qui ont tant bourdonné en lui faisant écho.

Si l’on ignore le lieu de naissance de Paul Rosen, par contre tout le monde le sait juif. Il est juif, et l’on dit même qu’il a été rabbin. Il ne cache pas son origine israélite, pas plus qu’il ne cache son maçonnisme. Mais il est converti ! M. Nemours-Godré l’affirme et s’honore de son amitié.

D’ailleurs, Paul Rosen a un répondant de premier ordre : le R. P.