Page:Taxil, Mémoires d'une ex-palladiste parfaite, initiée, indépendante.djvu/615

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ces indignes, et nous demanderons une déclaration de malédiction contre eux à quiconque viendra des États-Unis en visiteur chez nous. »

Le Triangle les Onze-Sept répondit par une voûte, pleine de dignité, qui fut transmise à toutes les Mères-Loges du globe, et qui exposait « toutes les marques de faveur, dont la Sœur Masanec-Asmodœa est l’objet de la part des bonnes puissances célestes ». Les Onze-Sept refusaient de discuter sur l’épreuve mise en question par leurs FF▽ parisiens et se plaçaient uniquement sur le terrain de la « divine protection » qui m’était acquise d’une façon ne laissant prétexte à aucun doute.

La Circulaire des Saint-Jacques est du 31 octobre 1885 ; celle des Onze-Sept est du 13 décembre.

Elle fut suivie de l’envoi d’un document de la plus haute importance, que reçurent les trente-trois Seigneuriales Mères-Loges du Lotus palladique.

Ce document est un de ceux que je montrerai, en projection, dans toutes mes conférences.

Le 22 décembre de cette même année 1885, j’étais chez mon oncle John-Th. Vaughan, et nous parlions du récent envoi de la voûte-circulaire des Onze-Sept, lorsque tout-à-coup Asmodée parut devant moi. J’entamai conversation avec lui ; mon oncle l’entendait, mais ne le voyait pas.

— Asmodée, lui dis-je, les Saint-Jacques ont prétendu que, le 16 avril, mes Frères de Louisville et moi-même avons été trompés par un maléakh, lorsque vous vous montrâtes sur la queue du lion du maudit Marc… Prouvez aux Triangles des deux hémisphères que vous êtes vraiment mon fiancé… Il est d’usage que les fiancés se font faire leur portrait ensemble, pour mieux marquer l’indissolubilité de leur promesse… Je vous en prie, montrez-vous avec moi, de telle façon que nos traits puissent être fixés sur le même tableau…

Une grande lumière remplit alors l’appartement, et mon oncle vit mon daimon-protecteur.

— Ma bien-aimée, fit Asmodée, je ne veux rien te refuser, moi ; mais il faut obtenir de notre Dieu lui-même ce que tu demandes… Prie avec ferveur, tandis que je vais lui porter ta supplique au Royaume du Feu.

Il disparut.

Moi, j’avais confiance. Je dis à mon oncle de préparer son appareil photographique.

— Si le Dieu-Bon n’accorde pas cette faveur, tant-pis ! nous aurons, par là, l’indice qu’il n’encourage pas l’attitude des Onze-Sept. Mais, s’il permet, quelle gloire !…

Mon oncle se mit en mesure d’opérer. De mon côté, je me plongeai dans la prière.