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L’ennui ne m’avait pas quitté le lendemain ; loin de là, il augmentait ; j’étais vraiment malheureuse.

Alors, Asmodée m’apparut de nouveau ; il venait me consoler.

— Sèche tes larmes, ma bien-aimée, me dit-il ; il ne faut plus songer à cela. Ne cherche pas à comprendre ce qui t’irrite et te désespère. Lucifer, notre Divin Maître, mettra ordre à tout.

Et, ce jour-là, pour me distraire, Asmodée me transporta dans la planète Mars.

Ce n’est pas le moment de raconter ce voyage. Je poursuis l’histoire du conflit entre les Palladistes parisiens et ceux de Louisville.

J’adressai aux Onze-Sept une fidèle relation de mes tentatives conciliantes et de mon échec. Je terminai le règlement de mes affaires d’intérêt en France, sans m’occuper davantage de Sophia et des Saint-Jacques. Je me rendis en Belgique, où Goblet d’Alviella, ami de mon père, me fit un excellent accueil ; puis j’allai en Hollande, de là à Londres, et enfin je rentrai aux États-Unis.

À Louisville, je trouvai mes Frères et mes Sœurs toujours dans les meilleures dispositions à mon égard. Le F▽ N. P. était résolu à ne pas ménager Larocque, Mlle  Walder et compagnie, dès qu’éclaterait l’orage qui s’amassait. Moi, je rédigeai un mémoire, où je faisais ressortir qu’il était inadmissible que la fiancée d’Asmodée demeurât simple Chevalière Élue par l’effet du mauvais vouloir des Saint-Jacques.

Mon oncle était de mon avis. Il présenta mon mémoire aux Onze-Sept le 15 septembre. Une solution de la difficulté fut proposée par le F▽ R. T., devenu un de mes plus chauds partisans, à la suite d’une manifestation surnaturelle ; car en ce temps, les manifestations d’Asmodée se multiplièrent.

Voici ce que le F▽ R. T. fit adopter par le Triangle de Louisville, et, cette fois encore, il y eut unanimité : les Onze-Sept me nommèrent Maîtresse Templière « honoraire » ; je fus proclamée à ce titre.

En apprenant cette nouvelle, les meneurs du Triangle Saint-Jacques furent furieux, ils se déclarèrent en conflit avec les Palladistes de Louisville et envoyèrent à tous les Triangles des États-Unis une circulaire d’une extrême violence.

On y lisait que le Palladisrne était « à jamais compromis, si la conduite du Triangle de Louisville était approuvée par les autres Triangles de l’Union » ; que rien n’était plus « condamnable » que cette « abolition hypocrite » de l’épreuve « la plus juste et la plus belle de tout le rituel du Palladium ».

« Prenez garde ! disaient les Saint-Jacques ; les FF▽ du Kentucky viennent de se pencher sur l’abîme de la superstition romaine ; ils y rouleront et vous entraîneront tous, si le Triangle les Onze-Sept n’est pas immédiatement vomi par notre Fédération. Quant à nous, nous cessons tous rapports avec