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ment en quatrième rang, avec 4.535. On parle ici exclusivement des journaux s’occupant de politique, de religion, de nouvelles, et non des feuilles spéciales d’industrie, métallurgie, photographie, mines, etc., ou consacrées uniquement aux annonces ; la statistique de la Ligue ne porte que sur les « newspapers ». L’Italie et l’Autriche-Hongrie ont, chacune, moins de journaux que le Japon ! Si l’on fait la part des journaux des États-Unis et du Canada qui sont publiés autrement qu’en anglais, on trouve encore près de 29.400 journaux de langue anglaise, sur les 50.000 du globe. Voilà pourquoi, au point de vue de la certitude d’une publicité immédiate, j’inclinais pour Londres, où les relations de presse avec les États-Unis facilitaient la réussite de mon plan.

On m’a fait valoir, cependant, que c’est en France que sont les plus chauds partisans de ma cause. Je me suis donc arrêtée au choix de Paris, et j’ai fixé la date à une époque me permettant d’envoyer les cartes d’entrée dans toute l’Europe et aux États-Unis. En effet, les cartes de presse portent cette mention : « MM. les directeurs de journaux qui recevront une de ces cartes sont priés de la transmettre à leur correspondant parisien ou à toute autre personne habitant Paris et pouvant représenter en cette occasion leur journal. »

On m’a écrit : « Pourquoi pas à Rome d’abord ? » L’ami qui m’a adressé cette observation oublie que depuis quelque temps la situation s’est gravement modifiée par l’influence prépondérante prise par M. Pacelli, dont j’ai à combattre les manœuvres autant que celles de la secte ; il oublie aussi qu’en Italie la presse est nettement tranchée en deux camps. Or, ma manifestation publique sera certainement aussi désagréable à mes adversaires de l’Union antimaçonnique de Rome qu’au Grand Orient et au Suprême Conseil de Nathan et de Lemmi. Pour induire mes amis et moi-même en erreur, pour nous faire croire à la compétence et à l’impartialité de la feue Commission romaine, on fit publier une fausse liste des membres qui censément la composaient, liste comprenant notamment le R. P. Franco, de la Civiltà Cattolica, et le savant professeur Don Vincenzo Longo ; ce qui fut un mensonge imaginé par M. Pacelli, se servant de la complicité de l’Univers. M. le chanoine Mustel l’a dit très justement : « Si l’Italie est la patrie de Mazzini, elle est aussi celle de Machiavel. » Aujourd’hui, on est tout à fait édifié sur le parti pris que les Pacelli et consorts avaient de faire échouer l’enquête, eux qui n’ont même pas nommé aux États-Unis un délégué pour prendre des informations parmi les protestants du Kentucky ! et, depuis le Congrès de Trente, ils auraient eu le temps ! J’ai donc lieu de me méfier de ces messieurs-là. Ma conviction est que, si je faisais ma première manifestation à Rome, le clan Pacelli me poserait des conditions, c’est-à-dire : « Vous allez