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POUR CRÉER UN IMBROGLIO. — Mes amis feront bien de se défier des manœuvres de la dernière heure, auxquelles ne manqueront pas de recourir les Pacelli et consorts aussi bien que les francs-maçons.

On a pas oublié quel fut le premier piège que M. Margiotta tendit aux catholiques, lorsque le dépit en fit mon ennemi. Ayant appris peut-être que Lemmi, dès qu’il me sut prête à rompre avec lui, au moment même où les Walder préparaient son élection par les Triangles, imagina de produire sous mon nom une amie américaine du vieux Philéas, M. Margiotta soutint qu’il existait deux Diana Vaughan : une, la vraie, qui était demeurée palladiste ; l’autre, la fausse, c’est-à-dire moi. Il ignorait que l’échec de la dame avait été si piteux et sa frauduleuse exhibition si éphémère, que cette manœuvre avortée fut connue seulement après la Voûte de Protestation ; elle fit hausser les épaules aux hauts-maçons indépendants. N’importe ! Adriano avait rêvé de jeter, la perturbation parmi les parfaits initiés, et l’on ne sait pas au juste ce qu’il avait médité de faire, on se demande quel fut exactement ce plan de campagne qui ne reçut qu’un commencement d’exécution.

Aujourd’hui, dans la haute-maçonnerie, on aurait repris ce projet, si j’en crois un renseignement d’un ami sûr de Chicago. Ma manifestation publique devant couper court à toutes les négations, va-t-on exhiber une deuxième Diana Vaughan et me traitera-t-on, moi, d’aventurière, usurpant un nom qui n’est pas le mien ? Nous saurons à quoi nous en tenir sur ce point dès le 19 avril… Toutefois, il est sage de prendre les devants et d’avertir le public.

Est-ce à la préparation de cette manœuvre qu’il convient de rattacher une lettre que M. le chanoine Mustel a reçue récemment et qu’il s’est empressé de publier, peut-être la croyant écrite par une de mes amies d’Amérique apportant son témoignage. Je ne sais. Quoi qu’il en soit, empêchons l’imbroglio, en ne négligeant rien de ce qui pourra faire la lumière.

Voici cette lettre, que M, le chanoine Mustel a publiée dans son numéro du 5 mars :


« Monsieur l’abbé,

« Le hasard, ou plutôt la divine Providence a permis que la Revue de Coutances me tombât entre les mains. Je suis profondément surprise, Monsieur l’abbé, de voir que tant de catholiques nient, sans la moindre preuve, l’existence de Miss Diana Vaughan.

« Anglaise d’origine, j’ai habité longtemps les États-Unis, où j’ai connu Miss Diana jusqu’en 1880. — En ce moment je visite la France et je suis descendue à l’hôtel de l’Univers et du Portugal réunis, rue Croix-des-Petits-Champs, 10, Paris. Si vous jugez que mon témoignage puisse être de quelque utilité, je vous permets, monsieur l’abbé, de l’insérer dans votre Revue.

« Ce soir, je visiterai Versailles et dans quelques jours je retournerai à New--