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Findel avait amoncelé les nuages ; mais comment faire éclater la tempête ?

Et voici la suprême manœuvre.

Rendons justice aux chefs de la Haute Maçonnerie : ils ont admirablement réussi, — jusqu’à présent.

Le coup n’est pas de Lemmi ; Adriano n’est pas d’une telle force. Ce coup extraordinaire marque les débuts de Nathan, combinant son action avec celle du Grand Orient de France, sous le sage conseil du vieux Findel.

Depuis ma campagne de 1893-1894, Lemmi est usé jusqu’à la corde. Que mes négateurs disent ce qu’ils voudront sur mon compte, ils ne peuvent nier ma campagne antilemmiste et ses effets ; c’est de l’histoire, cela ! Bon gré mal gré, Lemmi a été mis dans la nécessité de rentrer dans la coulisse.

La Maçonnerie la plus atteinte a été la Maçonnerie Française ; il ne faut pas se le dissimuler. Lemmi ayant été publiquement dépouillé de ses apparences d’honnête homme, les preuves authentiques de son indignité ayant été étalées au grand jour sous forme d’actes légaux, inattaquables même par le démenti, et sa gallophobie, connue seulement de l’autre côté des Alpes, ayant été mise en relief dans le monde entier, les maçons français souffraient, plus cruellement que tous les autres, des récentes révélations.

De là, les démarches du F ▽ Amiable, envoyé à Rome par le Grand Orient de France ; l’une d’elles a été mentionnée par la Rivista della Massoneria Italiana.

Depuis lors, le Grand Orient de France fit comprendre, en multipliant ses doléances auprès du palais Borghèse, qu’il ne suffisait pas de nier la prépondérance actuelle de la Maçonnerie Italienne, mais qu’il devenait nécessaire de profiter de l’échéance des pouvoirs de Lemmi dans la Maçonnerie officielle avouée pour ne pas les lui renouveler, afin d’enlever un argument aux catholiques.

Rien n’était plus désagréable aux maçons français que de s’entendre accuser à tout instant d’obéir à un chef suprême ennemi mortel de la France et ayant subi une condamnation à un an de prison pour vol.

Lemmi, lui, ne voulut rien entendre, d’abord ; qu’importaient, répondait-il, les railleries des cléricaux ? Mais les objurgations devinrent tellement pressantes qu’il dut céder, à la fin. Ces pourparlers, ces tiraillements causèrent le retard de l’élection jusqu’au 1er juin ; on sait que ces pouvoirs de neuf ans, les pouvoirs avoués, expiraient le 28 janvier de cette année, l’élection en remplacement des FF ▽ Tamajo et Riboli avant eu lieu le 28 janvier 1887 au Convent de Florence.

Pour donner satisfaction au Grand Orient de France, il fut convenu qu’Adriano ne se représenterait pas ; il demeurerait désormais dans la coulisse, et l’on nierait plus carrément que jamais l’existence d’une Haute Maçonnerie internationale.

Cette retraite a dû être sensible à Lemmi : il aime parader dans les banquets, se montrer, débiter des discours, dont sa situation à la tête de la Maçonnerie officielle lui fournissait mille prétextes ; il n’est pas comme Mazzini, qui savourait au contraire l’effacement, qui trouvait des délices l’incognito, qui préférait la réalité de la haute direction aux semblants pompeux des titres connus des profanes.

Enfin, Lemmi se résigna. Ah ! ce n’est certes pas lui qui me déclare mythe ;