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dû dire exposées dans leur vrai sens, appropriées au dogme palladique. Vous tirez argument de plusieurs similitudes pour insinuer que le document est, peut-être, faussement attribuer Pike et qu’il se pourrait qu’il eût été fabriqué par quelqu’un connaissant les œuvres d’Éliphas Lévi.

Ici, je vous arrête. Vous n’êtes pas le seul que des similitudes de ce genre aient frappé. Voulez-vous que je vous nomme quelqu’un qui, m’a-t-on assuré, a été, plus que tout autre, étonné de voir la doctrine palladique pétrie de Lévitisme et autres occultismes antérieurs à 1870 ? Voici le nom M. Solutore Zola, le grand-maitre d’Égypte récemment converti.

Un de mes amis m’a communiqué le fait et les raisons de cet étonnement de M. Zola ; cela vaut la peine d’être relaté. M. Solutore Zota, qui était en grandes relations d’amitié maçonnique avec Albert Pike, fut chargé par celui-ci de lui recueillir tous les travaux de ce genre ; c’est lui qui lui envoya les principaux systèmes d’occultisme, Éliphas Lévi, Ragon, et bien d’autres. Naturellement, Albert Pike, ne voulant pas se montrer plagiaire aux yeux de son ami, eut grand soin de ne pas lui faire part de son organisation secrète ; c’est pourquoi M. Zola, malgré sa haute situation maçonnique, fut tenu à l’écart de la fédération suprême des Triangles. Aussi, quand les révélations sur le Palladisme commencèrent, M. Solutore Zola les suivit avec intérêt et il a déclaré avoir reconnu dans divers documents dévoilés bon nombre d’extraits des travaux que lui-même avait envoyés à Albert Pike.

Pour vous tirer de l’embarras où vous mettra cette réplique, monsieur Waite, il ne vous reste qu’à insinuer que M. Solutore Zola n’existe pas ou qu’il est mon complice.

En tout cas, il est une autre façon de confondre votre audace. L’authenticité de la fameuse voûte doctrinaire d’Albert Pike est établie par son insertion dans les organes secrets de la secte.

Oh ! je sais qu’à l’époque même où les FF ▽ Findel et Waite publièrent leurs négations intéressées, Lemmi donna l’ordre de détruire, partout où cela serait possible, les recueils maçonniques ayant laissé échapper quelque preuve de l’existence du Rite Suprême, surtout dans les bibliothèques publiques ; et cet ordre a été exécuté. Mais que les hauts-maçons ne se réjouissent pas trop ; ils pourraient avoir un jour quelque surprise.

Enfin, pour en terminer avec les Rose-Croix anglais et leur porte-parole Arthur-Edward Waite, il est incontestable qu’ils n’avaient qu’une façon sérieuse de se laver de mes accusations d’occultisme satanique et qu’ils ont répondu à côté de la question. La façon sérieuse, la seule, l’unique, la voici : il fallait publier dans le livre et, au besoin, dans les journaux, les rituels d’initiation aux trois derniers degrés de votre Rose-Croix. Par là, on eût vu clairement si, oui ou non, vous avez été calomniés. Cette publication, que vous esquivez, nous la ferons, — s’il plait à Dieu !



Il me faut, à présent, revenir à Findel.

On pense si le rusé compère se réjouissait de voir des journalistes catholiques allemands marcher à sa suite, recueillir avec respect ses dénégations, quoique dénuées de la moindre preuve et proclamer qu’il avait raison, même contre la réalité des faits historiques.