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MÉMOIRES d’une EX-PALLADISTE

La Suprême Manœuvre


Un vent de folie souffle depuis trois mois, agitant et convulsant un grand nombre de feuilles catholiques, bise progressivement plus violente en Allemagne d’abord, et ensuite véritable ouragan déchaîné en France.

Quand le calme sera revenu après cette invraisemblable tourmente, on demeurera stupéfait que tant de journalistes, dont plusieurs bien connus graves et sages, aient pu subir un tel entraînement, sans vouloir jeter un regard en arrière, sans se rendre compte que le vertigineux tourbillon qui les emportait et les changeait à les rendre méconnaissables était une infernale tempête dont l’Éole n’est autre que Satan, roi de ce monde, inspirateur et idole de la Franc-Maçonnerie.

J’avais signalé — et j’en avais haussé les épaules la burlesque fantaisie de Moïse Lid-Nazareth dans la Revue Maçonnique du F∴ Dumonchel. Je n’avais pas cité, tant cela était absurde. Selon le dire de l’agent de Lemmi, je n’étais pas moi-même ; j’étais une autre, et Moïse donnait le nom !

Qui aurait pu jamais croire qu’une farce de cette espèce était susceptible de créance un jour ; qu’elle trouverait, hors de la secte, des hommes sérieux pour l’adopter et en faire la base d’un échafaudage de mensonges, en se croyant naïvement dans le vrai !

Au mois de juin, je signalai la manœuvre de M. Margiotta, tendant à faire croire à l’existence de deux Diana Vaughan : l’une, la vraie, demeurée palladiste, ayant fait sa paix avec Lemmi ; l’autre, c’est-à-dire moi, la fausse, déclarée énergiquement par lui n’être pas la même que celle qu’il avait connue en 1889 à Naples. Mon article valut à la Revue Mensuelle une lettre de M. Margiotta, dans laquelle, avec accompagnement d’injures et de menaces, notre homme soutenait mordicus sa thèse de mon dédoublement. D’où, pour me défendre : la brochure Miss Diana Vaughan et M. Margiotta, où le mensonge de cet obstiné fut démontré avec ses lettres mêmes, reproduites en fac-simile par la photogravure.

Cet incident n’avait qu’une importance relative ; il n’était pas l’œuvre de la secte ; c’était le fait du dépit pur et simple d’un malheureux, sa rancune éclatant en quelques cris de colère, m’outrageant dans mon honneur, mais impuissant à détruire mon œuvre. En me dédoublant, dans son aveugle fureur, il me rendait témoignage ; sa méchanceté retombait sur lui, pour l’accabler.

Mais, si la secte fut étrangère à l’incident Margiotta, elle préparait dans l’ombre une suprême manœuvre.

Le mouvement antimaçonnique venait de prendre enfin une allure guerrière ; une organisation complète se préparait a surgir. Ayant à leur tête M. le commandeur Guglielmo Alliata, un des vaillants chefs des œuvres de la jeunesse catholique d’Italie, Mgr Lazzareschi, délégué officiel du Saint-Siège, et M. le commandeur Pietro Pacelli, président des comités électoraux