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objet suffira pour empêcher les miracles de vos maléakhs de se produire. »

J’écrivais scrupuleusement sous sa dictée.

Il me dit encore :

— Sois catégorique à ton tour. Mets ce prêtre au défi d’expérimenter ton talisman. J’affirme qu’aucun miracle de sa religion ne s’accomplira nulle part, pas même à Lourdes, en un mot, n’importe où se trouvera cette touffe de poils de Moloch… Mais voici ce que je t’annonce ce prêtre craindra d’avoir par là une démonstration éclatante de l’infériorité de son dieu…

Et, renforçant la voix avec orgueil, il ajouta :

— Quant à nous, il ne nous déplaît pas de laisser Adonaï accomplir ses prestiges, puisque nous ne nions pas sa divinité. Mais les ministres de la superstition qui ravalent le Dieu-Bon au rang d’ange déchu, eux qui en font un diable plus ou moins enchaîné, ils se gardent bien de laisser voir qu’il est libre et supérieur en divinité, c’est-à-dire qu’il est seul digne d’être nommé l’Être Suprême, le dieu le meilleur et le plus grand… Ce sont les prêtres de Christ qui mettent la lumière sous le boisseau !

— Dois-je répondre à ce qu’il m’a écrit du figuier maudit ?

— Oui, afin de ne pas lui laisser le dernier mot… Mais souviens-toi que tu as la vérité, et maintiens simplement ta précédente lettre. Donne-lui à comprendre qu’il n’a pas vaincu ta foi, que ses arguments captieux sont sans force contre elle. Dis tout cela poliment, mais fermement, d’un ton ne souffrant pas de réplique. Sois respectueuse pour sa personne et pour ceux qui sont comme lui. Plains son erreur, et flétris ceux de ses pareils qui sont hypocrites. Qu’il sache que son éloge de la charité n’a pas fait dévier ton raisonnement ; car les deux questions, charité et chasteté, sont distinctes… En vérité, je te le déclare, cette chasteté, quoi qu’il dise, la religion superstitieuse l’impose à ses prêtres… Tiens, transcris encore ceci, et fais-en ta conclusion sur ce point : « Soyez chaste, mais sans contrainte. Vierge je suis, et je me garde telle, parce que j’ai un époux céleste et non pour me donner jamais à votre Christ, que j’exècre, à cause de tout le mal qu’il fait au monde. »

— Ainsi, interrogeai-je, nous arrêterons là notre correspondance ?

— Oui, après cette lettre, tu ne lui écriras plus, excepté s’il consent à être mis en rapport direct et visible avec toi, mais par mon intermédiaire.

— Comment donc ?…

— Je veux voir si ce prêtre peut se laisser entraîner par quelque bon sentiment, vers la vérité de notre Dieu… S’il fait le premier pas, à ta sollicitation, eh bien, il sera à nous.

— Dictez-moi, Asmodée, ce qu’il faut que je lui écrive, dans ce but.

— Tu termineras ta lettre, en l’invitant à cesser toute correspondance ; mais tu lui offriras de venir auprès de lui, en ces termes… Écris exactement