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Or, il est une interprétation qui peut rivaliser de honte avec celle que j’ai donnée à comprendre en révélant le symbolisme d’un des emblèmes figurant dans le tableau des Croix. Bien qu’on me le cachât avec soin, il est certain qu’Astarté est la Vénus impudique, autant dans le luciférianisme contemporain que dans l’antique paganisme. Le placement du soleil avec le nombre onze ne peut laisser aucun doute à cet égard. Une des preuves : le nombre onze, nombre kabbalistique luciférien, rappelle l’Ensoph et les dix Séphiroth. Eh bien, il est de droit, par pacte solennel de Satan et de Pike, qu’Astarté accorde son union au Souverain Pontife du Palladisme et aux dix Émérites composant son Sérénissime Grand Collège.

D’autre part, le triomphe d’Astarté sur le Mauvais Serpent s’interprète palladiquement dans un sens analogue. Je pouvais n’y voir autrefois que la victoire de la reine des daimons sur la reine des maléakhs, en tant que victoire dans une bataille entre les armées du Ciel de Feu et celles du Royaume Humide ; mais cette victoire doit se prendre aussi dans un sens infâme, agréable au sensualisme dépravé des docteurs de la secte.

Car le blasphème est inouï, en l’interprétation du Mauvais Serpent. Le Palladisme a laissé le Typhon égyptien et ne s’en préoccupe aucunement. Le Mauvais Serpent, dans opposition à Astarté, ne représente point Adonaï ni le Christ. Il représente — le croirait-on ? — la Très Sainte Vierge, l’immaculée Mère du Divin Sauveur. En termes palladiques : le Mauvais Serpent, c’est Lilith.

S’il y a diversité d’opinion dans l’interprétation du Bon Serpent, — que nous trouverons plus loin, au tableau n°8, — les docteurs du Palladisme se sont mis d’accord, au contraire, avec une parfaite unanimité, en ce qui concerne le hideux reptile dit Mauvais Serpent, toujours représenté en contorsions furieuses.

Dans le dernier mois de l’année qui suivit l’inauguration du grand temple maçonnique qui existe actuellement à Charleston et qui abrite, avec le premier Suprême Conseil du Rite Écossais, les mystères du haut-luciférianisme palladique, une séance du Sanctum Regnum fut à jamais fameuse et fut portée à la connaissance de tous les Mages Élus. C’était le 8 décembre 1884.

Albert Pike présidait, les membres du Sérénissime Grand Collège étant au complet ; ceux qui étaient absents de Charleston, ce jour-là, avaient été apportés instantanément par les esprits du feu, mis par Satan à leur service.

Lucifer parut, et Pike l’interrogea longuement sur la Mère du Christ. Ce qui est étrange, c’est que le procès-verbal n’a pas consigné le détail de cette conversation, ni les demandes du Souverain Pontife de la secte, ni les réponses du prétendu Dieu-Bon. J’en conclus, aujourd’hui, que le suprême