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Le Mage officiant. — Qu’ils soient réduits à l’impuissance, tous les ennemis adonaïtes qui s’élèvent contre nous !

Le Juif enfant de chœur. — Cherem ! cherem ! cherem !

L’assemblée. — Maranatha ! maranatha ! maranatha !

Le Mage officiant. — Au nom de Sophia, ayez confiance, Frères et Soeurs. Ses prières sont agréables à notre Dieu… Saint, saint, saint, Lucifer-Satan qui exauce les prières de Sophia !

À cet endroit, la messe s’interrompt. Tout le monde s’assied et le Mage officiant fait une sorte de prône. Il commente les passages de l’Apadno, relatifs à la généalogie de l’Anti-Christ ; il démontre qu’ils s’appliquent à Mlle  Sophie Walder, et il prononce l’éloge de la grande-maîtresse du Lotus de France, Suisse et Belgique.

Ce prône satanique est suivi des dernières profanations et du sacrifice du mouton, lequel termine la messe.

On apporte, d’abord, un grand brasier ; on le place au milieu du temple, à quelque distance de l’Asie (orient). L’hostie consacrée qui a été souillée est alors jetée au feu, avec accompagnement d’horribles exécrations ; les injures de cette formule imprécatoire dépassent en violence et en obscénité tout ce qu’on pourrait imaginer ; il m’est impossible les reproduire.

Une seconde hostie, reçue quelques jours auparavant en communion, est livrée au Mage officiant. Celui-ci la met sur l’autel de la Sagesse ; tous et toutes défilent, donnant un coup de poignard à la Divine Eucharistie s’écriant chacun à son tour :

— Maudits soient Adonaï et son Christ, le Traître!

Le défilé est ouvert par le Juif enfant de chœur, et c’est le Mage officiant qui frappe le dernier. Cette seconde hostie est, à son tour, jetée au feu.

Enfin, on apporte un mouton. Si la veille on a procédé à quelque initiation de Kadosch selon le rituel du F ∴ Laffon de Ladébat, c’est ce mouton, déjà tué, qui sert au sacrifice final ; sinon, l’animal est égorgé à la tenue triangulaire, aux cris de Nékam, Jaldabaoth !

Le corps de la bête est attaché à une croix en bois, dans la disposition du crucifiement du Divin Rédempteur. Le Juif enfant de chœur, aidé du Sous-Mage Herbivore, posent l’infâme parodie sur l’autel du Baphomet.

Ici encore, je ne puis reproduire le texte des paroles débitées par le Mage officiant. Pour en avoir une idée, on se rappellera que la secte prétend que le mouton stérile représente Jésus, prêtre par excellence, dans le symbolisme de l’Église, et que le pape Silvestre Ier substitua l’agneau au bélier castrat, afin de voiler aux simples fidèles le vrai sens. Ces abominations s’inspirent du catéchisme des Maîtresses Templières (réponse à la question : Quel est le symbole de l’Église ?).