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Alors, je perdis complètement la tête. Un moment, j’envisageai la situation, à la mode américaine : les preuves de la calomnie étant entre mes mains, j’allais intenter une action judiciaire pour obtenir réparation ; mes amis me retinrent, en m’assurant qu’en France ces choses-là sont traitées à la légère, et que le succès d’un procès semblable n’effacerait pas les doutes injurieux.

Je n’avais plus qu’à dévorer l’outrage dans le silence.

La chrétienne reprit le dessus. Ah ! que j’ai souffert !…

Mais voici que la calomnie, continuant son chemin dans l’ombre, a pris une nouvelle forme ; et, cette fois, mieux informée encore qu’au début de cette douloureuse enquête, je sais que le mensonge est présenté avec une perfidie telle que, sauf un petit nombre d’amis, ceux qui reçoivent la confidence en sont tout déconcertés.

La manœuvre n’atteint pas seulement mon honneur de femme ; c’est mon œuvre de réparation elle-même qu’elle tend à détruire, ce sont mes révélations mêmes qu’elle veut ruiner de fond en comble. La question change donc d’aspect. Je ne puis pas tolérer cela ; et quoiqu’il m’en coûte, me taire plus longtemps serait manquer à tous mes devoirs.

Je vais droit à l’abominable accusation. Voici la thèse imaginée par M. Domenico Margiotta :

« La Diana Vaughan que j’ai connue en 1889, à Naples, et pour laquelle il n’y eut jamais aucune exception à la règle du Pastos, est toujours chez les palladistes ; l’histoire de sa conversion n’est qu’une mystification pour leurrer les catholiques. La Diana Vaughan qui écrit les Mémoires d’une Ex-Palladiste, la Neuvaine Eucharistique, etc., et qui annonce le 33e Crispi est une fausse Diana Vaughan. Je la mets défi de se montrer ; car ceux qui se servent du nom de la grande-maîtresse de New-York ne pourraient exhiber qu’une aventurière, et immédiatement je la convaincrais d’imposture. Quant à la vraie Diana Vaughan, il lui est indifférent que cette comédie se joue ; elle est la première en à rire. Elle diabolise plus que jamais dans les Triangles, Elle a fait sa paix avec Lemmi. »

J’avoue que je ne me serais jamais attendue à une manœuvre aussi machiavélique. L’homme qui a imaginé cette machine de guerre, pour empêcher mes révélations de porter, n’est pas le premier venu. Il est certain que l’assertion est tellement audacieuse, que ceux devant qui elle est émise ne savent plus que penser.

Mais j’estime aussi que mettre à découvert un engin de cette espèce est le seul moyen de le rendre inoffensif.

Pourquoi donc M. Margiotta a-t-il recours contre moi à des procèdes