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À la fin de cette dernière bataille, Lucifer interviendra lui-même. Alors, pour la première fois dans l’éternité, il viendra à Adonaï et se rencontrera avec lui face à face.

« Or, Lucifer est la force, et Adonaï est la matière ; Lucifer est l’intelligence, et Adonaï est la stupidité ; Lucifer est tout feu, et Adonaï est tout eau. Si Adonaï n’était pas éternel, son contact avec Lucifer produirait son absorption, son anéantissement. Étant éternel, il ne peut, à ce contact, que perdre l’une de ses facultés divines. La loi de la sempiternelle justice veut que la faculté qui sera perdue soit la vue. Et quand Lucifer, face à face avec Adonaï, plongera son regard de flammes quintessencielles dans les yeux glauques du Dieu-Mauvais, la pénétration du feu sacré de l’Excelsior aveuglera à jamais Adonaï. »

Voilà le suprême blasphème !…

C’est ainsi que la mensongère révélation diabolique fixe le terme de la lutte entre les prétendus deux principes éternels du Bien et du Mal. Adonaï, aveugle, non seulement au sens matériel, mais aussi au sens métaphysique, sera pour toujours impuissant, hors d’état de nuire. Moloch et d’innombrables légions de daimons seront commis à sa garde, en Saturne et autour de Saturne ; car l’anneau lumineux de Saturne n’est autre qu’un cercle déjà formé d’esprits du feu, attendant le futur prisonnier. Les palladistes croient cela !

On voit quel abominable satanisme est recélé dans la fable le Chat noir et le Crocodile. Infortunée Sophia qui reçut, petite fillette, un tel enseignement !

Revenons à la jeune fille future selon cet homme de perdition qui est Philéas Walder.

« Après sa présentation aux dignitaires du Suprême Conseil Helvétique[1], l’adolescente était déjà digne d’apprendre l’exercice de la sainte Vengeance contre le traître du Thabor et méritait d’être proclamée parfait modèle de la jeune fille future. La lecture de l’Apadno la jetait dans le ravissement.

« Nous avions eu par Sophia, dès l’âge de trois ans, quelques manifestations, notamment à New-York, lorsque Chambers me présenta au Grand Albert ; mais je n’insisterai pas sur ces premières œuvres divines, très illustre souverain grand-maître. C’est surtout à partir de sa douzième année que la chérie eut toutes les bénédictions du ciel. »

Le vieux Walder a raison de ne pas insister auprès de Lemmi, qui n’en aurait pas été dupe. Les faits de divination, attribués à Sophia

  1. Voyage que Walder père et fille firent en Suisse, dans le courant de 1874 ; Sophia avait alors onze ans et était alors louvetonne palladique.