roses, se dégagea, visible pour moi seule. Une forme humaine se dessina, nettement. Philalèthe était devant moi.
Le fantôme paraissait avoir assez bien l’âge de son année de disparition ; mais je voyais un vigoureux vieillard, non courbé. Il avait l’air un peu plus âgé que mon père, quand celui-ci mourut ; sauf les rides plus fortement accentuées, la ressemblance était singulière. Je ne pouvais avoir aucun doute à reconnaître mon ancêtre dans le personnage ainsi merveilleusement apparu.
Tels sont les prestiges du diable : odieuses tromperies, puisque l’Église nous enseigne que ces apparitions de soi-disant trépassés sont supercherie des démons.
Mais alors, j’étais convaincue que je voyais Thomas Vaughan.
De mon siège d’argent je descendis ; les bras tendus, je m’avançai vers le fantôme ; tous les assistants avaient maintenant les yeux sur moi, ils se rendaient compte de ma vision.
— Philalèthe ! m’écriai-je. Ô mon glorieux ancêtre ! oui, c’est bien vous qui êtes là… Parlez-moi, je vous en prie ; Notre Seigneur Lucifer, ici présent, permettra que j’entende votre voix…
Lucifer fit un signe d’acquiescement à cette nouvelle demande.
Et j’eus, avec le diable d’enfer qui simulait mon ancêtre, la conversation suivante ; mais ma voix seule était entendue par les Mages Élus composant l’assemblée.
Philalèthe. — Mon enfant bénie et bien-aimée, je te maintiens comme vérité absolue ce que je viens d’écrire tout à l’heure, tandis que j’étais dans la flèche de fer… Que désires-tu que je te dise encore ?
Moi. — Verrai-je le triomphe de notre religion sainte ?
Philalèthe. — Non. L’humanité n’est pas encore prête à recevoir la vraie lumière ; les temps sont marqués, dans les livrés du Sanctum Regnum. Néanmoins, tu verras la cause du Dieu Bon obtenir d’importants succès en plusieurs contrées jusqu’à présent sous le joug de la superstition. Tu verras décroître la puissance d’Adonaï et son vicaire prisonnier de la Franc-Maçonnerie, après l’avoir été du gouvernement italien.
Moi. — Est-ce le Pape actuel qui tombera au pouvoir de nos chefs ?
Philalèthe. — Non. Ce sera son successeur.
Moi. — Pouvez-vous me dire qui succèdera à Léon XIII ?
Philalèthe. — Non. Je ne dois pas te révéler son nom aujourd’hui.
Moi. — Le connaîtrai-je un jour, c’est-à-dire avant que le siège du maléakh Simon-Pierre soit vacant ?
Philalèthe. — Si tu apprends son nom, ce ne sera pas par moi ; mais