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j’en suis tout heureuse. Je remercie le Divin Maître, qui, malgré mon indignité, me comble ainsi de ses bontés les plus douces ; car rien n’est plus allègre au cœur que d’aider au salut de son prochain ; rien n’a une suavité plus pénétrante, lorsqu’on songe surtout à l’abîme d’où les prières d’autres m’ont arrachée.

Quand on aura lu ces lignes de l’excellent et humble prêtre, on comprendra que je n’y aie rien ajouté, l’effusion de mon bonheur ne se pouvant traduire par la plume.


Z…, ce 4 février 1896.
(En la fête de Sainte Jeanne de Valois.)


Mademoiselle,


Cette lettre aura-t-elle l’heureuse fortune d’arriver entre vos mains ? J’ai quelque espoir que Dieu et votre bon ange la conduiront jusqu’à vous, pour vous faire partager, s’il est possible, un peu du bonheur que vous nous avez donné, sans vous en douter, ces derniers jours.

Je suis, Mademoiselle, un de ces prêtres nombreux qui, sans être connus de vous, vous ont pour ainsi dire suivie pas à pas ces dernières années, ne cessant d’appeler de leurs vœux les plus ardents, de leurs prières et de leurs larmes, l’heureux jour où enfin, par un miracle de l’infinie miséricorde de Dieu, vous nous criez dans vos Mémoires : « Amis, je suis vraiment vôtre. » Depuis, je dévore les pages de ces fascicules qui, tout en jetant un jour si étrange au milieu des temps troublés où nous sommes et des pénibles incertitudes de l’avenir, nous consolent si délicieusement, au merveilleux récit de votre venue parmi nous.

C’est avant tout votre Neuvaine Eucharistique, qui me fait écrire aujourd’hui.

L’autre jour, donc, que je la relisais seul, tout ému, à votre exemple au pied du Tabernacle, une idée à laquelle je n’avais jamais encore songé me fut soudainement inspirée : « Voici ton Adoration perpétuelle qui approche, me disais-je ; on est si bien ici avec ce petit livre. Eh ! qui donc t’empêcherait d’inaugurer solennellement dans ta petite paroisse l’Adoration nocturne de réparation, qui précéderait l’adoration du jour ? tu y inviterais personnellement tous les hommes, qui viendraient tour à tour donner une heure aux pieds du Saint-Sacrement. » Ce qui fut résolu là, auprès du Divin Maître, de concert avec le petit livre, c’est-à-dire avec vous, Mademoiselle, fut mis en œuvre ; et le 30 janvier au soir, dès les dix heures, mes braves gens, même de ceux que je ne voyais jamais, étaient pour la plupart là, à genoux aux pieds de Jésus exposé dans son ostensoir. Et là, durant les neuf heures de la nuit, j’ai fait passer vos pages toutes brûlantes de l’amour de Notre Seigneur, à travers ces âmes qui en ont fait leurs délices.

Comme vous, et avec vous, Mademoiselle, nous avons adoré, médité, réparé. Je lisais lentement, avec arrêts fréquents… et quelques