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protégez-moi, et épargnez-moi, si votre colère doit foudroyer quelque jour la Loge dont je fais partie. »

Il retourna à la Loge, encore deux fois.

La première fois, il réalisa son secret projet. Au moment où le Vénérable pérorait avec sa rage accoutumée, en exhortant un F∴ qu’on venait d’initier au 3e degré, le franc-maçon, pénitent, sans être vu de ses voisins, fit avec sa main, sous l’habit, un signe de croix sur son cœur.

Il y eut un véritable coup de théâtre. Au lieu de paroles humaines, le Vénérable se mit à pousser des aboiements furieux ; on aurait dit un chien, hurlant de douleur. L’assemble était stupéfaite. La séance se termina dans une très grande confusion. Quelques-uns, en sortant, se demandaient si leur président n’était pas devenu fou.

À la réunion suivante, le F∴, avec une émotion facile à comprendre, renouvela l’expérience, et le Vénérable aboya de nouveau ; il lui était impossible de dire un mot. Son cou se gonflait ; il tendait les bras en avant ; ses yeux, injectés de sang, semblaient sortir de leur orbite ; sa gorge n’émettait plus que des hurlements sinistres. Le 1er Surveillant fit promettre à tous les assistants que le secret serait gardé sur cet incident, dont tous étaient remués jusqu’au fond des entrailles. On emmena le Vénérable, qui, à la fin, semblait anéanti, et on voulut le faire soigner ; mais le médecin le déclara bien portant.

Quant au F∴ pénitent, il donna sa démission sous le premier prétexte venu. Peu de temps après, ayant rencontré chez un des parents un Père franciscain qui venait d’Espagne et se rendait à Paris, il lui raconta l’aventure ; le bon Père acheva sa conversion. Aujourd’hui, cet ex-franc-maçon est redevenu excellent chrétien.

Le digne religieux qui m’a envoyé ce récit pense que le Vénérable dont il s’agit était possédé. Je partage tout à fait son avis.




LA NEUVAINE EUCHARISTIQUE




Voici une des plus consolantes lettres que j’ai reçues depuis ma conversion. Son auteur me pardonnera, j’en suis sûre, si je la publie ; et je le fais avec toute la discrétion nécessaire. Mais, en vérité, j’ai quelque droit de le dire, la Neuvaine Eucharistique est mon écrit de prédilection ; plus vénérables ministres de Dieu m’affirment que cet opuscule fait grand bien aux âmes, et, — pourquoi le cacherais-je ? —