Page:Taxil, Mémoires d'une ex-palladiste parfaite, initiée, indépendante.djvu/220

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

être monnayeur, vous encourez la mort, selon les lois d’Angleterre, de Hollande, et de presque tous les pays, qui ont soin d’empêcher, même sous peine de la vie, que le titre de ces métaux soit changé par des personnes autres que celles proposées à cela, même si vous les mettiez au titre du Souverain.

« Je l’ai éprouvé moi-même, lorsque, dans un pays étranger, je me présentai déguisé en marchand, pour vendre douze cents marcs d’argent très fin ; car je n’avais pas osé y mettre de l’alliage, chaque nation ayant son titre particulier qui est connu de tous les orfèvres. Ceux à qui je me présentai hochèrent la tête, traitant mon argent de produit alchimique. Quand je leur demandai à quoi ils le reconnaissaient tel, ils me répondirent qu’ils n’étaient point apprentis dans leur profession, qu’ils le connaissaient à l’épreuve, qu’ils le distinguaient fort bien et qu’ils distinguaient fort bien l’argent qui venait d’Espagne, d’Angleterre et des autres pays, et que celui que je leur offrais n’était au titre d’aucun État connu. Ce langage me fit évader en cachette, laissant et mon argent et la valeur, sans jamais réclamer.

« Si néanmoins vous affirmez que vous avez tiré d’un pays étranger cette grande quantité d’or et d’argent, il vous sera impossible de le démontrer ; car une telle importation ne saurait s’effectuer sans qu’on le sache. Le capitaine du navire, interrogé, dira : « Une telle quantité d’argent n’a point été apportée par moi ; elle n’a pu entrer à mon insu dans mon navire. » Tous les marchands, à cette nouvelle, se moqueront de vous, et diront : « Est-il vraisemblable que cet homme puisse acheter et charger sur un navire une pareille masse d’or et d’argent, en dépit de la sévérité des lois et des recherches si minutieuses que l’on fait à cet égard ? » Votre aventure sera aussitôt publiée, non seulement dans une région, mais dans toutes les régions voisines.

« Quant à moi, instruit par les dangers que j’ai courus, j’ai pris la résolution de me tenir caché, et je ne communiquerai qu’avec toi qui songes à posséder notre Art, afin de voir ce que tu feras toi-même pour le bien public, quand tu seras Adepte. »

Et plus loin, Philalèthe écrit encore (toujours dans le même chapitre XIII de l’Introïtus apertus) :

« Croyez-moi, jeunes hommes, et vous aussi, vieillards ; le temps va bientôt paraître ; il est aux portes. Je n’écris point ceci par l’effet d’une vaine imagination ; mais je vois en esprit que, nous tous, Adeptes, nous allons nous rassembler des quatre coins du monde ; alors, nous ne craindrons plus les embûches, les trames ourdies contre notre vie, et nous rendrons grâces au Dieu qui est Notre Seigneur. Mon cœur me murmure