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été accueillies avec courtoisie par le premier narrateur ; M. de la Rive a bien voulu, aussi, rectifier un incident, rapporté par M. le docteur Bataille d’après une légende très accréditée, mais inexacte. Il y a d’autres choses à ajouter à ce qui a été dit, comme à modifier ou retrancher. Quand j’en serai là, je remettrai tout au point, par quelques détails inédits et par production du principal document de l’affaire.

Quant à présent, je me borne à retenir le fond le mieux connu de l’histoire. Présentée le 25 mars 1885 à l’initiation de Maîtresse Templière, au G ▽ T ▽ Saint-Jacques de Paris, j’eus à subir un ajournement de proclamation à ce degré palladique, parce que j’avais refusé de satisfaire à l’une des deux essentielles épreuves du rituel ; la formelle volonté de mon père, exprimée à son lit de mort, m’avait épargné l’autre épreuve, et d’ailleurs je ne l’aurais pas acceptée non plus. Conséquence : j’étais luciférienne d’âme, je m’insurgeais contre les pratiques de satanisme. L’épreuve dont je n’avais pas été dispensée et que j’avais refusée, c’était l’outrage aux Saintes-Espèces par souillure et transpercement. Ma proclamation ajournée à Paris provoqua un conflit entre les Frères et Sœurs de Saint-Jacques et les membres du Triangle fondé par mon père à Louisville, le P ▽ T ▽ les Onze-Sept ; ceux-ci me conférèrent l’honorariat du grade dont les Palladistes parisiens me déclaraient indigne. Alors, il y eut une crise fort aiguë, qui dura jusqu’en 1889. C’est l’historique de cette crise que je tracerai plus loin.

La conclusion de la crise : c’est Lucifer lui-même qui trancha les difficultés et se prononça en ma faveur après avoir reçu mon hommage. Voilà ce qui n’a pas été publié ; les écrivains qui ont parlé de mon cas ignoraient quel était le véritable auteur de la solution intervenue, dans ce conflit qui paraissait inextricable. Le décret, rendu le 8 avril 1889 par le général Albert Pike, Souverain Pontife de la haute-maçonnerie luciférienne, leur a donné à croire que son intervention pour moi était un acte de sa seule autorité ; c’est cela qui a été répété partout, c’est cela qui a été imprimé dans les deux mondes.

J’ai laissé dire et écrire, parce que je me croyais, jusqu’à ces derniers jours, liée par un serment de secret sur les faits de cet ordre. Aujourd’hui, par la grâce du seul vrai Dieu, j’ai la preuve que mon serment est nul. Rendons à Pike ce qui est à Pike, à Satan ce qui est à Satan, et à Dieu ce qui est à Dieu. Une prière pour Albert Pike ; toutes mes malédictions à Satan ; toute ma reconnaissance à Dieu !

Le narré de ma présentation à Lucifer, en solennelle tenue spéciale, au Sanctum Regnum même, expliquera ce qui a été un problème pour grand nombre. On s’est demandé comment je pouvais, ne voyant autour