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d’Hiram, pour me faire ressortir les différences les plus frappantes entre les deux dialectes, et il s’efforçait de faire entrer dans ma pauvre cervelle (inoubliable torture !) combien cette paraphrase chaldaïque faussement attribuée à Jonathan-ben-Uzziel était d’un style imparfait auprès de la vraie.

Mais voici ce que je n’ai point oublié, ce qui est resté bien gravé dans ma mémoire, et je réponds de ne commettre aucun quiproquo :

Pour faire croire que Jonathan était inspiré de Dieu, quand il écrivit ces Targums, les Juifs ont imaginé quelques prétendus miracles : ainsi, rien ne pouvait le distraire ; l’oiseau qui s’avisait de venir voler auprès de lui et la mouche qui osait se poser sur son papyrus étaient instantanément consumés par le feu du ciel, sans que l’écrivain s’aperçût de rien.

Eh bien, non, Jonathan-ben-Uzziel n’était pas inspiré. D’abord, on n’est guère d’accord sur l’époque de son existence : les Juifs le font contemporain de Zacharie, qui revint tout jeune, avec Zorobabel, de la captivité de Babylone et prophétisa sous Darius ; mais des auteurs sérieux pensent que, bien au contraire, il vivait au deuxième siècle après Jésus-Christ ; c’est l’opinion de beaucoup, et encore ceux-ci doivent se tromper, certainement. L’orientaliste Jahn, dans sa Chrestomrthie chaldéenne, affirme que le Targum qui parait être vraiment de Jonathan, celui qui comprend les livres de Josué, des Juges, etc., est en réalité une compilation de versions plus ou moins anciennes, datant du troisième siècle avant Jésus-Christ. Qui est dans le vrai ? Assurément, ce ne sont pas les Juifs. Un autre Targum attribué à Jonathan contient des anachronismes inouïs, par lesquels la supercherie se dénonce elle-même, et avec quelle maladresse ! Il y est question des… Turcs ; cela me frappa, et je ne pus m’empêcher d’en faire l’observation à mon oncle. Un auteur qui parle des Turcs, ne vivait certes point au temps du prophète Zacharie.

Quoiqu’il en soit en ce qui concerne l’époque où ces Targums furent écrits, un compilateur n’est pas un inspiré. Mais, d’autre part, il est démontré, par l’existence des Targums, que l’invention de la légende maçonnique d’Hiram n’est imputable ni à Philalèthe, ni à Ashmole, ni même à la Franc-Maçonnerie.

Thomas Vaughan connaissait l’hébreu aussi bien et mieux même qu’Ashmole ; mais ce n’est point là-dessus que je me base pour soutenir qu’Elias n’est pas le seul auteur du grade de Maître. Bien plus, je prétends qu’il ne fut qu’un collaborateur de second plan.

En un temps, point éloigné, où le F ▽ Goblet d’Alviella ne demandait pas qu’on se débarrassât de moi n’importe comment, — « cette