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MÉMOIRES d’une EX-PALLADISTE

chapitre iii

Mon éducation luciférienne

(Suite)




Je viens de dire qu’au temps de mes ténèbres j’ai cru à cette merveilleuse légende. Qu’on me pardonne : j’ai été bercée, à son récit ; elle m’a été dite et redite mille fois, tandis que je grandissais.

Et combien j’étais fière, pauvre crédule, aveuglée par Satan !

Ce nom de Diana, mon père me l’avait donné en mémoire de la fille d’Astarté et de Philalèthe. J’étais la deuxième Diana Vaughan ; j’étais, en quelque sorte, la Diana au sang céleste réincarnée. En moi revivait le fruit d’une alliance qu’aujourd’hui j’appellerais diabolique, si j’y croyais encore, mais qu’alors je considérais comme une union quasi-divine : Astarté étant, pour les Palladistes, la reine des daimons ; occupant, avec Astaroth et Moloch, la première place après Baal-Zéboub.

Pour cette raison, pour commémorer la descente miraculeuse de l’astre des nuits, apportant à Thomas Vaughan sa céleste épouse, pour fixer symboliquement ce fait extraordinaire, on créa, en mon honneur, dans la colonie française de New-York, cet atelier palladique, si actif, si connu parmi tous les Frères et Sœurs de la haute-maçonnerie des deux mondes, qui reçut le titre de Triangle Phébé-la-Rose et dont je fus élue grande-maîtresse ad vitam. Alors, j’ignorais le sens maçonnique de la rose ; sans cela, je n’eusse pas accepté.

« Phébé », nom païen de la lune, équivaut à « Diane ». Mais Diane ou Diana, en occultisme palladique, a un autre sens, plus nettement luciférien. Diana, il me faut le dire pour ma confusion, pour m’humilier aujourd’hui, c’est Lucifer féminisé ; Diana, c’est, en quelque sorte, Lucifera.

On retrouvera ce sens secret, en recourant aux diverses étymologies du mot « diane », données par les philologues. En sanscrit, diva, qui