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saint Tribunal soit une véritable promulgation du décret pontifical. Il y a des catholiques qui ne se confessent pas très souvent ; et même parmi ceux qui se confessent souvent, y en a peu, croyons-nous, qui s’informeront auprès de leur confesseur s’il existe un décret de Rome qui condamne telle et telle société. Et si le pénitent n’en parle pas, le confesseur doit-il lui en parler ?

« Il semble donc que cette lettre circulaire de Mgr Shanley à son clergé laisse la question absolument dans le même état où elle était : les catholiques du diocèse de Jamestown ignoreront toujours officiellement qu’il leur est défendu d’appartenir aux trois sociétés secrètes condamnées par Rome.

« Si, par hasard, un pénitent vient à parler en confession de son affiliation à une de ces sociétés, le prêtre devra lui permettre de continuer d’en faire partie, d’assister même aux réunions de la société en cas de nécessité, car toujours le sociétaire qui a versé une certaine somme dans la caisse de la société dira qu’il ne saurait s’en retirer sans éprouver un dommage sérieux.

« Nous ne voyons donc pas comment la lettre de Mgr Shanley empêchera les catholiques d’entrer, à l’avenir, dans les trois sociétés condamnées, ni comment elle forcera à en sortir ceux qui déjà en font partie.

« Si quelque théologien peut nous donner un éclaircissement sur ce sujet nous lui en serons profondément reconnaissant ; car il s’agit d’une question de la plus haute importance et qui intéresse tous les fidèles. En effet, cette question n’intéresse pas les seuls diocésains de Jamestown. Si la promulgation d’un décret pontifical destiné aux fidèles est jugée suffisante à Fargo, lorsqu’elle n’est connue officiellement que des prêtres seuls, une semblable promulgation devra suffire dans autres diocèses.

« Quant à la proposition : lex non obligea cum tanto incommodo, voici ce qu’en dit The Review, de Chicago :

« Nous tenons d’une autorité excellente que Rome vient de rendre une décision finale quant au décret portant condamnation contre les Chevaliers de Pythias, les Odd-Fellows et les Fils de la Tempérance.

« Il parait que certains évêques qui, pour une raison ou pour une autre, n’aimaient pas à publier le décret, ont demandé au Saint-Siège si l’on pouvait permettre aux catholiques qui appartiennent à ces sociétés depuis quelque temps et qui éprouveraient un grand dommage financier en s’en retirant, de continuer à en faire partie, pourvu qu’ils s’abstiennent d’assister aux réunions, etc.

« Le Saint-Office, dont le préfet est le Pape lui-même, a décidé la question négativement en principe, déclara que le décret contre les sociétés susmentionnées est basée non seulement sur le droit ecclésiastique, mais aussi sur le droit divin et naturel, et que, par conséquent, un grave inconvénient ou dommage ne constitue pas une raison valide de refuser de s’y conformer. Dans les cas d’extrême nécessité, ajoute le Saint-Siège, la question doit être soumise aux autorités romaines ».

« Voilà comment parle notre confrère de Chicago. Le résumé qu’il donne de la décision du Saint-Office sur l’interprétation du décret nous parait abso-