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durant onze jours sur la terre, et dont tu auras une fille ; celle-ci portera mon nom et le tien. »

« Il remit l’épée entre les mains de Fauste.

« Fauste me dit :

« — Présente le pacte à notre dieu tout-puissant. »

« Je lui obéis.

« Le bon Seigneur signa le premier ; je signai ensuite, avec mon sang. Fauste reçut le pacte, après que je l’eus remis à notre dieu ; il le toucha de la pointe de l’épée et me le rendit.

« Le pacte reproduisait les figures que j’avais tracées sur le sol, pour obtenir l’apparition de Lucifer.

« La prudence me fut recommandée par le patriarche Fauste.

« Enfin, celui-ci et le dieu disparurent, la terre s’entr’ouvrant sous leurs pieds. Quant à moi, je me prosternai de nouveau et je baisai pieusement la place où le bon Seigneur avait daigné m’apparaître. »

C’est après avoir été consacré Mage de cette façon, que Thomas Vaughan entreprit d’écrire l’Introïtus apertus.

Dès lors, il déploya, pour propager les secrets principes du socinianisme, une activité surhumaine ; je comprends maintenant que mon ancêtre était véritablement possédé. Sous son impulsion, les Rose-Croix se multipliaient, et, aussitôt qu’ils avaient le 5e degré, ceux de leurs confrères qui étaient déjà « maçons acceptés » les faisaient entrer à ce même titre dans les loges maçonniques. En Angleterre, surtout, et en Écosse, tous les sociniens étaient alors francs-maçons, sans que les vrais maçons, ceux dont la profession se rapportait à la construction, pussent soupçonner que leur société servait à abriter les plus noirs complots contre la religion catholique. Les initiés aux mystères de l’occultisme trouvaient toujours quelque prétexte pour se réunir à part au sein des loges.

Voici le moment où Thomas Vaughan s’unit à Elias Ashmole pour la composition des grades d’Apprenti, Compagnon et Maître, c’est-à-dire pour l’introduction du symbolisme impie dans les grades de la Confrérie internationale des Libres-Maçons.

Nous sommes en 1646. Philalèthe dit à Ashmole : « Les maçons constructeurs ont leurs cérémonies d’Apprentissage, de Compagnonnage et de Maîtrise, auxquelles nous, maçons acceptés, nous assistons en spectateurs, mais qui ne sont point pour nous. Il faut donc donner aux maçons acceptés un Apprentissage symbolique, un Compagnonnage symbolique et une Maîtrise symbolique. Ces cérémonies seront réservées aux intellectuels. » Elias et Thomas se mirent à l’œuvre ; le rituel