Page:Taxil, Mémoires d'une ex-palladiste parfaite, initiée, indépendante.djvu/175

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Vanini, qui avait été supplicié vingt-cinq ans auparavant à Toulouse. Dans ses mémoires, mon ancêtre dit que Vanini apparut et déclara qu’il n’avait été nullement athée, comme on l’a cru ; il était vraiment luciférien. Mon père, qui vénérait Lucilio Vanini en le qualifiant de martyr, s’appuyait sur cette apparition pour m’expliquer que grand nombre de personnages, revendiqués comme leurs par les matérialistes, étaient nôtres en réalité.

Mais nous voici arrivés à l’année du pacte de Philalèthe avec Satan.

1644 s’était achevé sur la ruine du pouvoir royal ; car le 9 février 1649, jour où la tête de Charles Ier tomba à Whitehall, fut la consommation de la ruine : le pouvoir royal, en réalité, avait été jeté à bas, quand les troupes du Parlement avaient été victorieuses, quand la reine avait été obligée de se réfugier en France, quand le prince palatin Robert avait été défait, quand York avait été pris, quand les Communes avaient obtenu contre Laud, archevêque de Cantorbéry, évêque de Londres, l’inspirateur de résistance aux puritains, ce bill d’attainder qui le déclarait coupable du crime de haute-trahison.

C’était un homme austère et intègre, cet archevêque Laud. Il avait prévu les malheurs qui alors fondaient sur sa patrie. Il rêvait, assure-t-on, le retour de l’Angleterre et de l’Écosse à l’Eglise de Rome, qu’il appelait toujours « l’Eglise-Mère », quoique officiellement évêque anglican. On dit qu’il était si bien de cœur avec la Papauté, si désireux de voir finir le schisme désolant, si actif dans ses efforts pour amener d’abord l’union religieuse dans le royaume, la réunion au catholicisme, que le Souverain-Pontife lui avait offert le chapeau de cardinal. Il était dans sa soixante-treizième année, le digne vieillard, quand la Chambre des Lords s’associa aux Communes contre lui, le livrant aux juges, après plus de trois années d’une dure captivité, et requérant la peine capitale. Le fait de haute-trahison ne put être prouvé ; mais la haine des protestants de toutes sectes contre Laud était implacable. Pourtant, le noble martyr était innocent de tout complot antinational ; au contraire, il avait toujours donné l’exemple du désintéressement et de toutes les vertus. N’importe ; les juges, par six voix contre cinq, le condamnèrent au dernier supplice.

L’ambitieux Cromwell, lui, s’était fait recevoir « maçon accepté » : je n’ai pu trouver l’indication que ce fut en telle loge plutôt qu’en telle autre ; mais tout me porte à croire que ce fut en la loge de Warrington, dans le Lancashire, car les Rose-Croix sociniens gouvernaient alors cette loge, ou ils s’étaient glissés en grand nombre, et le président Richard Penkett dit « le frère Olivier Cromwell  » dans une