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à personne, pas même à son confesseur, rien des cérémonies de son initiation ni de ce qu’il pourrait par la suite entendre ou voir dans les réunions du Compagnonnage ; ce serment une fois prêté, on administrait au récipiendaire un nouveau baptême, en lui donnant à comprendre que c’était le seul valable pour être sauvé.

Philalèthe composa encore un rituel à peu près semblable, pour les Compagnons cordonniers rémois. Après quoi, il quitta la ville.

Cette innovation, goûtée par plusieurs, gagna quelques Compagnonnages. Toutefois, rentré à Londres, Thomas Vaughan se livra à de nouvelles réflexions, et, après mûr examen, jugea que l’association, plus universelle, des Libres-Maçons ou des francs-maçons, ouvriers du bâtiment, se prêtait mieux à la réalisation de son projet.

Ce changement de batteries lui fut inspiré par la lecture des manuscrits de Nick Stone, dont il fut mis en possession en 1643.

Nick Stone était un des Sept du convent de Magdebourg. En sa qualité d’architecte, il faisait partie de la corporation des Francs-Maçons ; il avait secondé Inigo Jones, grand-maître des loges anglaises, lesquelles, à cette époque, n’étaient nullement sectaires. D’autre part, comme Rose-Croix, il avait approfondi dans le sens luciférien les aperçus donnés par Fauste Socin, et il avait composé, pour les neuf grades de la Fraternité, des cahiers que les chefs ont déclaré remarquables. Son cahier du 8e degré (Magister Templi) était vraiment satanique.

Thomas Vaughan fut frappé, en lisant ces manuscrits. Il se demanda s’il n’était pas possible d’étendre l’enseignement de la Rose-Croix à tous les maçons acceptés qu’alors on admettait dans les loges comme membres honoraires. En effet, les Francs-Maçons recevaient, sous le nom de « maçons acceptés », des seigneurs, des gens de lettres ou de professions libérales, des riches bourgeois, qui rehaussaient l’éclat de leurs réunions, qui venaient faire parade en leurs fêtes, qui étaient leurs protecteurs et leurs Mécènes. Certainement, se dit-il, cet élément, doué de certaines qualités intellectuelles, se prêtait mieux à l’extension des principes du socinianisme occulte que les ouvriers des Compagnonnages.

Il eut bientôt pris son parti : il se dit que la solution du problème était là, et dès lors il s’appliqua à la précipiter. Quelques frères de la Rose-Croix s’étaient mêlés aux francs-maçons : la loge de Warrington en comptait plusieurs (Richard Penkett, James Collier, Richard Sankey, Henry Littler, John Ellam, Richard Ellam et Hugh Brewer) ; à Londres, les Wharton et leurs amis s’étaient glissés, comme « maçons acceptés », dans une loge. Philalèthe les encourageait à propager les principes de