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secret de ma visite fût gardé entre les deux seules personnes à qui j’avais révélé mon identité, et desquelles elle était l’une ; elle comprit aussi l’impossibilité pour moi d’établir ma résidence chez elle, pendant que j’écrirais mes Mémoires, se rendit compte de la manière dont j’ai organisé mon travail sans que ma retraite puisse être découverte, et vit bien qu’il n’en pourrait être ainsi si je me fixais ailleurs que dans cette retraite. Je lui promis de lui faire quelquefois encore la surprise d’une visite, et nous nous quittâmes.

Je me suis fait rendre par mon éditeur les premières pages que j’avais écrites à la suite de ma réponse à la voûte du Comité Fédéral de Londres ; cette réponse est du 8 juin. Je la conserve en tête de ces Mémoires, afin que les chrétiens fidèles aient sous les yeux la constatation de mon progrès en cinq jours ; peut-être quelque jour je pourrai en dire publiquement toute la cause. Mais mes pages écrites les 9 et 10 juin étaient insuffisantes, mes impressions n’étant plus les mêmes depuis que j’assistai à la sainte messe de la Fête-Dieu.

Donc : je rassemble à la hâte mes matériaux ; je réclame l’indulgence pour une œuvre qui s’est imposée à moi, sans plan préconçu ; et je commence ici. Ce travail sera forcément un peu décousu ; lecteur, n’en veuille qu’aux circonstances. En tout cas, que chacun ait la certitude que pas un mot ne scandalisera ; on sait que je n’ai jamais manqué à ma parole.

À tous ceux qui me liront je demande de ne pas m’oublier dans leurs prières. Surtout, amis, faites prier les prêtres, les religieux et religieuses qui appartiennent à vos familles, et pour que les voix les plus pures s’élèvent ainsi vers le ciel, faites prier les petits enfants, avec les ministres et les vierges de Dieu.


J’ai quitté le couvent hier soir. On m’y apprit, à mon départ, que plusieurs prêtres, religieux et religieuses, avaient offert à Dieu leur vie, afin d’obtenir par ce sacrifice que je ne sois plus luciférienne. Je ne le suis plus : mais, ô mon Dieu, ne prenez la vie d’aucun de vos saints prêtres, d’aucune de vos religieuses si pures, si méritantes ; prenez ma vie plutôt.

Notre-Dame des Victoires, Notre-Dame du Sacré-Cœur, priez pour moi.

Jeanne d’Arc, combats pour moi.