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par de telles supercheries ; si elles sont dupes, c’est parce que leur orgueil leur a fait oublier les enseignements de la vérité.

Mon père n’était pas chrétien de naissance, encore moins catholique ; il naquit sans religion, d’un père athée. Quand, sous l’influence de son frère, il prit croyance au surnaturel, il adopta en grande partie les opinions de Socin ; il étudia aussi d’autres systèmes de protestantisme ; la religion qu’il se fit d’abord, avant de se rallier tout-à-fait au culte de Lucifer, était, à peu de chose près, le système des Unitariens.

Au temps où il inclina vers l’opinion de la divinité double, il avait donc admis les bons esprits sous la suprême autorité d’un Dieu-Bon, qui était pour lui Lucifer, et les mauvais esprits ou maléakhs sous la suprême autorité d’un Dieu-Mauvais, en qui il voyait le Dieu des catholiques. Il s’occupait alors de spiritisme avec mon oncle et ils attribuaient aux maléakhs toute œuvre de mal.

Dans ma jeunesse, il me raconta, entre autres, un fait dont il avait été témoin ; son récit avait pour but de me faire mieux comprendre la distinction entre les deux catégories d’esprits. Il disait que, par méchanceté, les maléakhs venaient parfois à la place des bons esprits évoqués, et il me cita donc cet exemple :

Un jour, il assistait avec d’autres spirites à une expérience de tables tournantes. Le médium évocateur était un homme à qui aucun accident n’était jamais arrivé dans ces séances ; les esprits obéissaient volontiers à ses appels.

Ce jour-là, la table avait tourné immédiatement, et ensuite elle répondait avec une clarté remarquable à toutes les questions que le médium posait.

Tout à coup, elle se renversa d’elle-même, les pieds en l’air ; dans cette position inattendue, et au grand effroi des assistants, elle se précipita alors sur le médium deux des pieds de cette table animée, se mouvant comme s’ils eussent été des bras humains, saisirent le médium à la gorge, lui serrèrent le cou entre leurs deux bois de chêne massif et ainsi l’étranglèrent net.

Au jugement de mon père, c’était un maléakh d’Adonaï qui s’était substitué brusquement au bon daimon de Lucifer parlant auparavant dans la table. Maintenant, je vois bien que c’était le même diable qui avait parlé d’abord, pour inspirer confiance avant de se faire étrangleur. Dieu lui avait permis de donner cette terrible leçon, qui hélas ! ne fut pas comprise ; Dieu avait laissé le diable se livrer à sa méchanceté contre celui qui s’était lié à lui, et c’était le châtiment de l’énorme péché qui est de se mettre en rapport avec ces esprits, lesquels sont vraiment les puissances de l’enfer.