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adopté par Samuel Blonski) et recommande-le aux égards de tous les nôtres. »

Mon père était très fier de cette lettre, qu’il tenait de ses aïeux ; elle est d’une écriture extrêmement fine et serrée, sur du parchemin pourpré assez épais, pas plus grand qu’une carte à jouer. Les Rose-Croix de l’époque faisaient ainsi leur correspondance secrète, et la lettre, réduite à son plus petit volume, se portait cousue dans le vêtement. Mon père a conservé plusieurs documents semblables ; pour lui, ils étaient plus précieux que des bijoux ; cette lettre de Robert Fludd est gardée dans une sorte d’écrin.

Et mon père, avec enthousiasme, me faisait ressortir quelle gloire était la nôtre. Il y avait du sang céleste, du sang de la daimone Astarté (Vénus), dans notre sang ! — Plus loin, je dirai cette légende. — Et cet ancêtre, ce Thomas Vaughan, quel homme extraordinaire ! quel génie supérieur ! quel prédestiné parmi les prédestinés ! Quel mortel pouvait lui être comparable, à lui qui n’avait point connu la mort, mais avait passé, vivant, de cette terre au, royaume du feu, dans les bras de Lucifer !

Le deuxième alinéa de la lettre de Robert Fludd, mon père me l’expliquait ainsi :

Parmi les Vaughan d’Amérique, ceux qui descendent de Thomas sont originaires de Monmouthshire, et ils sont restés éloignés du catholicisme, au point d’être lucifériens. Au contraire, la branche Vaughan demeurée anglaise, provenant des mêmes ascendants du pays de Galles, compte parmi les plus vieilles familles fidèlement attachées à la foi romaine. Mon père pensait que là était la cause de l’irritation du Dieu des Mages, lorsque Fludd l’interrogea sur les illustrations que pourrait avoir notre race.

En effet, quoiqu’il n’y ait plus de parenté après un tel dispersement remontant à trois siècles, je sais combien est ardent le catholicisme des Vaughan anglais du Monmouthshire ; les Vaughan, de Courtfield, et les Vaughan (John) de Clytha, sont l’honneur des antiques traditions catholiques du pays de Galles. Les uns et les autres procèdent des ancêtres de Thomas, d’Henry et de Robert ; mais ils n’ont pas dégénéré, eux, ils n’ont pas abandonné la sainte religion de la grande famille. En ce montent, les Vaughan de Courtfield n’ont pas moins de neuf membres ecclésiastiques : S. E. le cardinal Vaughan, archevêque de Westminster, Mgr Vaughan, évêque de Plymouth ; son oncle, et sept autres, Edmund, Jérôme, Bernard, ceux-ci religieux, John, secrétaire du cardinal, Kenelm, Richard et William, prêtres séculiers, sans compter plusieurs