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ne pouvoir venir, par une lettre confiée à Nick Stone. Maïer fut donc entouré des jeunes, tous ardents : Stone, Andreæ, van Geer, Samuel Blonski, Beauregard et Komenski. L’assemblée se tint le 31 octobre, à Magdebourg, citadelle du protestantisme, une des premières villes qui avaient adopté la Réforme avec enthousiasme : c’est dans une maison de l’Altstadt que la réunion eut lieu, chez un riche bourgeois, dont la relation ne dit pas le nom, mais qui était, vraisemblablement, ami de Maïer, puisque le fameux médecin alchimiste finit ses jours dans cette ville, sous la protection de l’électeur de Saxe ; d’après la relation, on peut fixer l’emplacement de cette maison dans une rue derrière le Vieux-Marché, rue qui est aujourd’hui la Schwertfegerstrasse ; cela est de tradition chez les palladistes de Magdebourg.

On avait choisi, pour ce rendez-vous, la veille de la Toussaint, parce que c’est le 31 octobre 1517 que Luther afficha ses quatre-vingt-quinze thèses contre les indulgences, à Wittemberg, à la porte de l’église du château. On avait choisi Magdebourg, parce que c’est Albert de Bradebourg, archevêque de Magdebourg et de Mayence, commissaire spécial du Pape, pour l’indulgence de Saint-Pierre, qui avait délégué, à l’effet de prêcher cette indulgence, le dominicain Tetzel, le plus célèbre antagoniste de Luther ; on conserve encore de nos jours une boîte aux indulgences de Tetzel, à la cathédrale de Magdebourg.

Le conventicule fulmina la malédiction contre la Papauté, glorifia la mémoire des Socin, en particulier celle de Fauste, et renouvela le serment socinien de détruire la religion catholique, l’Église de Jésus-Christ. On décida que, durant tout le cours d’un siècle, les Frères de la Rose-Croix se couvriraient du plus grand mystère, se qualifieraient « les Invisibles », et qu’en 1717 seulement ils transformeraient leur Fraternité en une association qui se livrerait plus ouvertement à sa propagande, tout en adoptant et gardant les mesures de prudence qui seraient alors jugées utiles.

Enfin, à ce convent secret de Magdebourg, les Sept adoptèrent définitivement, comme présentant assez d’originalité pour frapper les esprits, l’étrange légende de la Rose-Croix, qui avait été imprimée en secret à Venise, vers 1613.

Cette légende, qui a pour auteur Valentin Andreæ, avait été reproduite en 1615 dans le livre intitulé Fama Fraternitatis Rosæ Crucis, qui est attribué au même par les uns, et, par d’autres, à un certain Iung, bourgeois de Hambourg. Les documents qui sont aux archives du Souverain Conseil Patriarcal de Hambourg n’éclaircissent pas le mystère de la paternité de ce livre si réputé ; dans ma famille, on l’a