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plaires qui existent encore sont achetés au poids de l’or par les bibliophiles.

Les plus curieux sont les suivants : Arcana arcanissima (Londres, 1614) ; De circulo physico quadrato (Oppenheim, 1616) ; Lusus serius, quo Hermes seu Mercurius rex mundanarum omnium rerum judicatus est (Oppenheim, 1616) ; Symbola aureæ mensæ (Francfort, 1617) ; Emblemata nova physica (Oppenheim, 1618) ; Atalanta fugiens, hoc est emblemata nova de secretis naturæ chimicæ (Oppenheim, 1618) ; Themis aurea (Francfort, 1618) ; Septimana philosophica (Francfort, 1620) ; Cantilenæ intellectuales de Phœnice redivivo (Rome, 1622).

Ce dernier ouvrage porte imprimé la mention « Rome ». En réalité, il fut imprimé à Amsterdam, et c'est Valentin Andreæ qui donna à l’imprimeur le manuscrit du grand-maître ; le livre parut immédiatement après la mort de son auteur. On mit « Rome » comme un défi à la Papauté ; le Phénix renaissant que chantent les cantilènes de Michaël Maïer, c’est Lucifer surgissant, ressuscité et plein de gloire, du royaume de l’éternel feu, et son triomphe sur le dieu de la superstition y est annoncé dans une poésie fortement imagée.

On voit, d’ailleurs, par les titres que je viens de reproduire, que tous ces livres sont des ouvrages d’occultisme. Le Badinage grave, de 1616, ou Lusus serius, est une feinte plaisanterie, en réalité un aperçu, très sérieux au fond, d’une partie de la doctrine luciférienne, reproduite plus tard par l’Apadno, un exposé du système sataniste qui fait présider le daimon Hermès (le Mercure du paganisme gréco-romain) à toutes les choses de ce monde ; ce daimon est proclamé par Maïer roi de la Terre. L’Atalante fuyante est une allégorie s’appliquant à la recherche de la pierre philosophale ; c’est l’ouvrage le plus recherché, parmi ceux de Michaël Maïer, sans doute parce qu’il est le plus étrange ; mais il n’est compréhensible qu’aux lecteurs en possession de la clef des Rose-Croix.

Cependant, le livre capital de Maïer, au point de vue des origines maçonniques, c’est, sans condredit, la Themis aurea. Là, le grand-maître, le second successeur de Fauste Socin, dit en termes formels que les Frères de la Rose-Croix doivent demeurer dans le plus rigoureux secret pendant cent ans ; cela est écrit en toutes lettres, et le livre, imprimé en 1618, composé par Maïer en 1616 et 1617, est le résultat des résolutions prises dans, la réunion de 1617 dite du Dénombrement de la Fraternité, ou encore Convent des Sept.

En effet, à ce conventicule ne furent présents ni Cremonini, qui envoya sa démission de grand-maître, ni Robert Fludd, qui s’excusa de