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MÉMORANDUM
DES PETITES ET DES GRANDES MANŒUVRES
contre la manifestation de la vérité


À qui proclame la vérité, contradiction toujours. La lumière est si gênante pour plusieurs !…

À première vue, il semble que mes révélations ne doivent susciter aucunes colères : elles portent sur les faits ; je me refuse à soulever la question des personnes, en règle générale, et je ne fais exception qu’au sujet de quelques personnalités déjà démasquées par d’autres et jouant un important rôle. Avec ce programme j’aurai la paix, se sont dit nombre de mes amis. — Eh bien, non.

Qu’on réfléchisse : alors, on comprendra qu’en ceci s’agitent, non pas de vulgaires intérêts humains, mais que Satan lui-même et ses légions se sentent atteints. Satan voudrait briser l’instrument de la miséricorde divine.

Maudit, ils sont vains, tes efforts.

Lumière, lumière, toujours tu viens à bout des ténèbres dont le Maudit veut t’envelopper ! Et il est un bon moyen de faire discerner la vérité du mensonge : c’est de montrer le mensonge sous toutes ses faces ; car la vérité se distingue par son unité, tandis que le mensonge revêt, pour tromper, les formes les plus dissemblables les unes des autres.

Le mensonge a recours à toutes les manœuvres, petites et grandes ; il dit blanc ici, et noir là ; aujourd’hui il concède tel point pour mieux jeter le doute sur tel autre, le lendemain il nie tout brutalement.

J’ai promis de ne pas polémiquer, de ne pas entrer dans des discussions qui n’offriraient aucun intérêt. Mais, en un rapide mémorandum, j’ai le droit de dresser le tableau des attaques déjà produites, et de le tenir à jour, si besoin est. Quand mon œuvre sera terminée, on pourra mettre ainsi en parallèle mes révélations et les variées manœuvres, risibles ou cruelles, de l’ennemi.

Jusqu’à ce jour, une seule m’a déchiré le coeur : la cinquième de celles que j’enregistre ici. Ah ! cette dernière est horrible ; les autres ne m’inspirent que mépris ou pitié.


I


Le journal parisien, auquel a collaboré la Sophia, — si tant est qu’elle n’y collabore plus, — me consacre deux colonnes pour tenter de me faire passer pour folle. Tel est le début ; dans son premier mouvement vis-à-vis du public, la secte veut ne livrer à la risée de l’opinion, au moment même où elle armait le bras de ses assassins contre un de mes alliés.