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L’erreur de la date de naissance doit, avant tout, être rectifiée.

Dans son testament, mon bisaïeul James s’applique à énumérer tous les actes établissant sa descendance directe de Thomas, et il dit : « Philalèthe naquit en la même année que les Hollandais achetèrent, pour la valeur de 24 dollars, l’île de Manhattan, sur laquelle est bâtie New-York. » Or, c’est bien en 1612 que des émigrants hollandais, précédant de trois années ceux de leurs compatriotes qui construisirent le fort d’Orange sur l’Hudson, acquirent, pour cette minime somme, l’île fameuse de l’Ivresse (Mannahattannink, en langue delaware, c’est-à-dire Île de la Puissante Beuverie), devenue Nieuwe-Amsterdam en 1614, puis, à partir de 1664, New-York, la reine du Nouveau Monde, la Cité Impériale. Le texte de mon bisaïeul est très précis.

Mais voici un autre texte, et celui-ci signé par Philalèthe lui-même : ce sont les premières lignes de son livre capital, lequel, ainsi que la plupart de ses ouvrages, n’est aujourd’hui plus guère connu que de nom, même dans le monde des occultistes.

L’Introïtus apertus ad Occlusum Regis Palatium — l’Entrée ouverte au Palais fermé du Roi, ou, pour les initiés du premier degré, la Clef de l’Occultisme, et pour les parfaits initiés du second degré, l’Introduction des Adeptes au Palais (fermé aux profanes) de Lucifer Dieu-Roi, — débute par ces lignes :

« Moi qui suis un Philosophe Adepte, connu sous le seul nom de Philalèthe, j’ai résolu en l’an 1645 de notre salut, et le trente-troisième de mon âge, d’écrire ce Traité, propre à dévoiler les secrets de la Médecine, de la Chimie et de la Physique, pour payer ma dette aux Fils de l’Art, et pour tendre la main à ceux qui sont égarés dans le labyrinthe de l’erreur. »

Ce livre, qui a été imprimé en 1667 à Amsterdam, aujourd’hui introuvable, n’existe que dans de rares bibliothèques de bibliophiles, en Europe, principalement en Allemagne et en Hollande. Le manuscrit, que Jean Lange rendit à Philalèthe après l’impression, est au nombre de mes documents de famille, à moi légués par mon père, dont j’ai été l’unique enfant. Ce manuscrit est des plus précieux ; car l’auteur, mon ancêtre, quand il l’écrivit pour l’imprimeur, avait eu soin d’y laisser de grandes marges, et, lorsqu’il lui fut rendu, il les remplit de notes explicatives donnant le sens secret dont la connaissance est réservée aux seuls parfaits initiés.

Si rares que soient les exemplaires imprimés de l’Introïtus apertus ad Occlusum Regis Palatium, ils ne sont pas, du moins, détruits tous, et je suis certaine qu’il ne s’élèvera de nulle part un démenti contre