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Rien ne saurait être plus clair ; car il s’agit du corps des saints au temps prophétisé de la résurrection. Or, Notre Seigneur, ayant vécu sa vie humaine et étant déjà ressuscité, se trouve, par excellence, en cet état de corps céleste indiqué si nettement par saint Paul. Même, c’est de Lui que cette vie merveilleuse de corps spirituel, impassible, incorruptible, se communiquera aux corps ressuscités de tous ses élus.

Ayant cette conviction bien ancrée, nous tous qui aimons le Bon Maître, nous comprendrons que, quelles que soient les profanations que des scélérats fassent de l’adorable Hostie, Jésus n’est atteint physiquement en rien de son Être.

Certes, le crime est épouvantable ; il sera terriblement puni, à cause de l’atroce perversité qui veut en vain atteindre Dieu. Mais Jésus peut rester, et il reste présent dans l’Hostie au sein des profanations, tant que les espèces sacrées conservent les conditions posées par Dieu pour être les voiles qui couvrent sa présence. Sa souveraine Béatitude, son ineffable Sainteté échappent à toute l’impiété de la terre et des enfers.

Dans ces heures de trouble où je ne savais que croire, il m’arriva de songer aux miracles qui se sont parfois produits au courant de telles ou telles profanations. D’autres que moi ont vu des gouttes de sang couler d’hosties transpercées ; quand ce miracle se manifeste, les satanistes redoublent de rage, comme le juif des Billettes ; ils croient que le Christ est atteint et qu’il souffre. Ah ! combien j’ai frémi, combien j’ai été suppliciée, moi-même dans mon âme, quand ces faits miraculeux revenaient à ma mémoire. Je comprends aujourd’hui que, lorsque l’hostie transpercée laisse paraître du sang, c’est comme un jugement anticipé qui met sous les yeux de ces hommes-démons la réalité de la Présence Divine, et leur révèle à quelle sentence ils doivent s’attendre en entrant dans l’éternité.

Et c’est pourquoi il n’y a pas lieu de se troubler ; mais il faut s’en remettre à Dieu. On n’aura plus aucun trouble ni aucune velléité de doute, en comprenant bien à quel point la haine infernale est sotte, stupide. En toute réalité, elle s’acharne dans le vide. Que transperce-t-elle ? Les Saintes Espèces ? mais elles ne sont rien, que de simples apparences de pain sans substance. L’humanité glorieuse du Sauveur ? mais, toute présente qu’elle est, elle ne peut être atteinte par aucun moyen matériel.

Il reste donc aux palladistes et autres satanisants l’immense, l’insondable responsabilité de leur déicide intention ; et il nous reste, à nous, chrétiens fidèles, la douce et en même temps douloureuse tâche de réparer, d’aimer, d’adorer en proportion des vains outrages consommés.