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la terre, si tu ne veux pas que je t’aiguillonne avec cette épée (le grand maître saisit l’épée et l’agite dans le vide). Aigle enchaîné, obéis à ce signe, ou retourne-toi devant ce souffle (le grand-maître trace dans l’air le signe du pentagramme avec sa baguette et souffle devant lui). Serpent mouvant, rampe à mes pieds, ou sois tourmenté par le feu sacré, et évapore-toi avec les parfums que nous y brûlons (le grand-maître jette quelques grains d’encens dans la cassolette remplie de braise et remue le feu avec la pointe de l’épée).

« Que l’eau retourne à l’eau ! que le feu brûle ! que l’air circule ! que la terre retombe sur la terre !

« Par la vertu du pentagramme, qui est l’étoile du matin, Lucifer ! et au nom du tétragramme, qui est écrit au centre de la croix de lumière ! Amen. »

En prononçant les noms de Raphaël, Gabriel, Mikaël et Adonaï, le grand-maître avait eu soin de faire le geste de répulsion, comme s’il voulait avec les mains, à quatre reprises, éloigner un esprit dont il eût horreur. Au contraire, en prononçant les noms de Lucifer, Baal-Zéboub, Moloch et Astaroth, il faisait le geste cabalistique d’amour, ramenant vers sa poitrine, quatre fois, ses mains (doigts écartés) d’abord étendues.

Après le dernier amen, le grand-maître, élevant la voix plus fort encore que précédemment, appela l’esprit évoqué, par son nom :

— Baal-Zéboub !… Baal-Zéboub !… Baal-Zéboub !…

On attendit quelques instants, mais en vain ; aucun fantôme ne parut assis sur le trépied.

Le grand-maître répéta la Conjuration des Quatre et refit l’appel, mais cette fois en criant neuf fois le nom de Baal-Zéboub.

Le trépied demeurait vide.

Campbell et le grand-maître se regardaient, désappointés.

— À moi, mes frères ! hurla ce dernier ; opérons par le grand rite !

Alors, tous les assistants allumèrent des torches à la lampe magique, et l’on se mit à faire processionnellement le tour du temple, chacun tournant sur soi-même en même temps. Naturellement, je dus faire comme les autres. En passant devant chaque fakir muré, le grand-maître lui adressait une supplique, implorant ses prières, et le fakir répondait en geignant une incantation.

Après la procession, on se réunit autour du trépied ; on attendit encore ; le trépied était vide, toujours vide.

— Que l’appel, dit le grand-maître, soit fait par le plus saint de nos frères fakirs !

On se précipita vers une porte que je n’avais pas encore remarquée et qui était située à l’orient, à gauche de l’autel du Baphomet. Un maître