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vérité pour le médecin catholique : « La possession n’est pas une hystérie, et réciproquement. »


D’abord, pour continuer avec fruit mon étude analytique du possédé, il me faut répondre à ceux qui prétendent que le possédé n’existe pas et qui ont imaginé ceci, qu’ils prennent pour un argument : « L’Église, disent-ils avec superbe, s’est trompée et se trompe ; il n’y a pas de possédé ; l’Église est encroûtée dans l’ignorance. » On a osé, l’on ose dire cela.

Eh bien, cela est inepte, tout simplement ; et rien n’est plus aisé que de déblayer le terrain d’une aussi insolente objection.

L’Église, d’abord, en tant que corps, en tant que doctrine, n’est pas ignorante et ne peut l’être, puisqu’elle est directement inspirée par Dieu lui-même, dont elle est l’émanation directe aussi, et qui est, lui, le foyer suprême de toute science.

Il serait par trop facile de citer des milliers et des milliers d’exemples de l’omniscience de l’Église ; mais ce serait sortir du cadre de cet ouvrage de vulgarisation. Bornons-nous à jeter un rapide coup d’œil sur la Rome chrétienne. Comment trouvez-vous, dites-moi, cette admirable direction que, depuis la rédemption du monde, l’Église a imprimée à la société ? Prenez l’histoire de la Papauté entière, et voyez s’il n’y a pas, dans toute la conduite des successeurs de Pierre, comme une sorte d’omniscience de ce qui est, une prescience de ce qui sera, devant laquelle le diable et ses suppôts sont obligés de venir s’incliner, même à l’heure présente.

Rappelez-vous seulement certains événements récents ; envisagez ce monde impie, libre-penseur, athée, contempteur de Dieu et de son Église ; pensez à ce saint vieillard opprimé, dépouillé, enchaîné politiquement. « Enfin ! le monde vient donc d’échapper à l’Église, clament les Pike et les Lemmi depuis le 20 septembre 1870 ; le monde est libre, l’heure de Lucifer est proche. » Clameurs insensées que celles-là !… Au moment même où l’univers troublé, incohérent, inapte à se diriger, semble avoir perdu la tête et ne sait plus comment s’orienter, lui, le saint vieillard, à demi soulevé sur le siège auguste du chef des Apôtres, étend le bras et prononce quelques mots. Aussitôt, le monde entier remue, qu’il soit païen ou catholique, incrédule ou croyant, et les puissants du jour, ceux mêmes qui ont la force et qui le tiennent captif, sont obligés de venir s’agenouiller devant lui, le sabre abaissé, le casque du guerrier à la main. Et ils lui mendient quoi ? sa force ? non, car son bras est débile, son corps aussi ; sa puissance matérielle ? non, car il n’est rien comme souverain temporel. Mais ils lui mendient cette science, cette omniscience absolue, cette infaillibilité dogmatique et pratique, spiri-