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plus dignes de toi, et nous offrirons toujours, d’un cœur pur et sincère, l’eau, le sang et les larmes… Possède-nous, ô notre Dieu, afin de nous permettre de triompher plus victorieusement de la superstition et de l’erreur ! Amen. »

Le grand-maître reprit :

« Immortel, Éternel, Ineffable et Incréé, Père de toutes choses, toi qui as porté sur le chariot roulant sans cesse des mondes qui tournent toujours ; dominateur des immensités éthérées, où est élevé le trône de ta puissance, du haut duquel tes yeux redoutables découvrent tout et tes belles et saintes oreilles écoutent tout, exauce tes enfants que tu as aimés avant même de leur avoir donné la vie !

« Car ta dorée et grande et éternelle majesté resplendit au-dessus du monde et du firmament des étoiles ; tu es élevé sur les soleils, ô Feu étincelant ; là, tu t’allumes et t’entretiens toi-même par ta propre splendeur, et il sort de ton essence des ruisseaux intarissables de lumière qui nourrissent ton esprit infini.

« Cet esprit infini nourrit toutes choses, et fait ce trésor toujours inépuisable de substance toujours prête pour la génération qui la travaille et qui s’approprie les formes dont tu l’as imprégnée dès le principe.

« De cet esprit infini tirent aussi leur origine ces esprits-rois très saints qui sont autour de ton trône et qui composent ta cour, ô Père universel, ô Père des bienheureux, mortels et immortels !

« Tu as créé en particulier des puissances qui sont merveilleusement semblables à ton éternelle pensée et à ton essence adorable ! Tu les as établies supérieures aux génies secondaires qui annoncent au monde tes volontés ! Enfin, tu nous a créés au troisième rang dans notre empire élémentaire !

« Là, notre continuel exercice est de chanter tes louanges et d’adorer tes désirs. Là, nous brûlons en aspirant à te posséder en nous, et nous attendons, avec la patience des justes, l’heure suprême où nous serons appelés à brûler sans cesse, réunis à toi, possédés et absorbés par toi, dans le sein de tes flammes divines éternellement vivifiantes.

« Ô Père tout-puissant ! Ô Mère, la plus tendre des mères ! Ô archétype admirable de la maternité et du pur amour ! Ô Fils, la fleur des fils ! Ô forme de toutes les formes, âme, esprit, harmonie et nombre de toutes choses ! Amen. »

Puis, le grand-maître et le frère Campbell dirent ensemble, lentement, étendant vers le trépied l’un sa baguette, l’autre son épée :

« Roi invisible, qui as pris la terre pour appui et qui en as creusé les abîmes pour les remplir de ta toute-puissance ; toi dont le nom fait trembler les voûtes du monde ; toi qui fais couler les sept métaux dans