Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/890

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Altesse ; et le démon commande de s’ôter de cet endroit, cette tumeur et battement cessa en ce lieu, et on vit un frémissement et agitation au bras droit jusqu’à l’extrémité des doigts ; après quoi, le même démon alla saisir le visage, et au commandement de l’exorciste, laissa couler la Sainte Hostie sur la patène, où elle fut remarquée toute sèche, sans qu’on pût reconnaître l’endroit par lequel elle avait adhéré aux lèvres, que le démon avait aussi tellement desséchées qu’elles pelaient ; et la peau paraissait toute blanche et soulevée. L’exorciste toucha même du doigt tous les bords de l’Hostie sans qu’il la pût lever pour faire voir qu’elle n’avait été retenue sur les lèvres par aucune humidité. En suite de ceci, le même exorciste essuya les dents de la fille avec son surplis, et appliqua la Sainte Hostie au milieu d’une de ses dents de devant du rang d’en haut, et elle demeura ainsi suspendue tout un long temps, croisant le tranchant de la dent, et n’y tenant que par le simple attouchement d’un point de la circonférence, nonobstant les agitations très violentes de tout le corps, les contorsions étranges de la bouche et un souffle fort véhément que faisait Astaroth, comme pour la rejeter ; à la fin les Espèces furent avalées au commandement de l’exorciste qui pria le médecin de Monsieur de visiter lui-même la bouche de la fille, pour reconnaître si la Sainte Hostie y était. Ce qu’il fit, mettant les doigts au-dedans des gencives et les portant jusqu’au gosier, et reconnut qu’il n’y avait rien du tout ; après quoi, on fit boire de l’eau à la fille et lui visita-t-on derechef la bouche, et enfin l’exorciste commanda au démon Astaroth de rapporter l’Hostie, qui fut vue incontinent après sur l’extrémité de la langue, et cette preuve fut réitérée encore deux autres fois…

« Monsieur ayant vu et admiré tout ce que dessus, pour avoir une plus entière et parfaite satisfaction, convint secrètement, avec le père Tranquille, d’un commandement qu’il ferait au démon ; après quoi le père s’adressant au démon lui dit seulement : « Obedias ad mentem Principis » (obéis à la pensée du prince), sans rien spécifier. Son commandement fut suivi de celui du père Élisée et des prières et conjurations de tous les autres exorcistes qui furent bientôt exaucées ; car le démon ayant jeté un regard affreux sur Monsieur, comme se fâchant d’être contraint à lui donner cette preuve, alla incontinent se mettre à genoux en se traînant les mains jointes vers le père Élisée, qui ne savait pas l’intention de Monsieur, comme s’il eût voulu encore adorer le Saint-Sacrement, et appliqua doucement la bouche de la fille vers le milieu de sa main droite, et la baisa, et puis dit : « Je te mordrai ; » et Monsieur, ravi d’aise, dit tout haut : « Il n’y a rien à redire, je voulais qu’il baisât la main droite, il a parfaitement obéi. » Après, il parut un autre démon, nommé Verrine, qui renversa la fille par terre, et la rendit fort pesante et roide comme du